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Articles

Affichage des articles du octobre, 2018

C'est le coeur qui lâche en dernier (Margaret Atwood)

Vaudeville Lire le roman dont est tirée La servante écarlate (ou The handmaid's tale ), la série qui cartonne actuellement, était une option. Pour découvrir Margaret Atwood, j'ai préféré choisir une autre fiction de l'écrivaine canadienne, en l'occurrence la dernière en date. Mauvaise pioche, j'ai envie de dire, puisque le roman, qui partait pourtant sur de bons rails, a à mes yeux rapidement fait une sortie de route. Stan et Charmaine ont perdu leur job à la suite d'une crise économique sans précédent. Comme des millions d'autres Américains, ils zonent sans domicile fixe en luttant quotidiennement contre la faim et l'insécurité. Lorsqu'on leur propose d'intégrer un programme très spécial pour quitter la rue, ils sautent sur l'occasion malgré d'idylliques promesses dont ils se méfient confusément. Ils n'ont pas tort car serait-on dans une dystopie si le bonheur absolu était effectivement à la clé ? Les premièr

L'arrière-saison (Philippe Besson)

Nighthawks Quatre personnes dans un café désert de la petite ville côtière de Chatham à Cape Cod, Massachusetts. La nuit tombe en ce jour de fin septembre, le vent se lève alors qu'à l'intérieur, l'ambiance est feutrée, familière autour d'un martini. Les propos échangés sont clairsemés, pudiques, comme inutiles. Une soirée comme une autre pour Louise, auteur à succès habituée des lieux, et Benjamin, barman. Sauf qu'elle ne va pas se dérouler exactement comme prévue. Le passé va débouler. L'avenir va-t-il se jouer en quelques minutes cruciales ? L'arrière-saison est un court roman, petite perle de sensibilité comme Philippe Besson, de son écriture précise, sait les fabriquer. Les poses, les gestes, les regards et surtout les dialogues, au bout du compte peu nombreux, sont étudiés et disséqués un à un par l'auteur via l'angle des protagonistes du huis clos. J'ai aimé ça,  le silence, l'introspection, l'observation avant de f

L'assommoir (Émile Zola)

"L'odeur du peuple" Gervaise Macquart, épouse Coupeau, est l'un des personnages emblématique de la littérature classique française, comme le sont aussi Jean Valjean et Julien Sorel. Elle est en tout cas devenue le membre le plus éminent de la famille Rougon-Macquart. Mon envie était grande de découvrir enfin son histoire. Le retentissement de L'assommoir, le septième de la série, fut grand au moment de sa publication en feuilleton en 1876-1877. Tout autant que le scandale qu'il suscita puisque le portrait du milieu ouvrier parisien au cours du Second Empire, jugé "pornographique" par certains, est absolument sans concession. Les descriptions criantes de vérité qui inondent le roman sont responsables de cette indignation, l'écrivain n'y allant pas par quatre chemins pour dépeindre le quotidien des habitants du quartier de la Goutte d'Or, avec leurs drames, joies, excès et labeur, tout cela avec le verbe haut du Paris populaire.