"La grippe, moi, je la fais en marchant" Trouver sa place. La place dans la société pour une jeune fille quittant le modeste cocon familial pour étudier les lettres modernes dans une grande ville ? Ou la place de son père, homme à la fois humble et fier, le complexe de ses origines ouvrières chevillé au corps, tout autant terrifié à l'idée d'être méprisé pour sa condition par les gens instruits que de laisser ses propres pairs s'imaginer qu'il la renie. "Il ne faut pas péter plus haut qu'on l'a" comme on dit chez lui en Normandie. Je connais à peine Annie Ernaux, mais j'ai la sensation qu'à travers ce récit, elle parle autant d'elle que de son paternel auquel elle consacre pourtant un livre. Par une tournure épurée qui peut même laisser croire à une absence de style, elle fait le portrait d'un honnête homme comme il y en a probablement des milliers en France. Des faits, des anecdotes, des souvenirs, des impressions