Jusqu'au bout de son rêve Je souscris à l’affirmation généralement admise que Le rêve d’Émile Zola n'est pas, dans la série des Rougon-Macquart, un tome comme les autres. Ce qui me frappe est sa relative brièveté par rapport aux dix-neuf autres romans et sa forme un peu éthérée, de l’ordre du conte. C'est particulièrement flagrant après La Terre , roman ambitieux et autrement plus concret. Ici, comme son nom l'indique, on est dans le rêve, le mysticisme, la naïveté et le romantisme d'une jeune fille, Angélique Rougon, abandonnée puis recueillie par une famille de brodeurs, une profession qu'on a plaisir à découvrir. Elle va grandir à l'ombre d’une cathédrale, influencée par les représentations de saintes martyres sur l'édifice et dans ses lectures. Son âme tourmentée et déréglée, dans la ligne héréditaire de la dynastie zolienne, vivra intensément le rêve qui est en elle et qui se matérialisera en la personne de Félicien, un jeune et beau peintre ver...