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Articles

Affichage des articles du avril, 2018

En attendant Bojangles (Olivier Bourdeaut)

D'une folie à l'autre Précédé de sa réputation de premier roman au succès retentissant, En attendant Bojangles a brûlé les étapes de ma PAL pour se retrouver sur ma table de nuit bien avant certains qui attendent leur tour depuis plus longtemps. Cette courte fiction a conquis bien des cœurs mais seulement en partie le mien. Le très jeune narrateur a des parents fantasques, résolument optimistes qui ont pris le parti de mordre la vie à pleines dents en faisant de chaque jour une nouveauté, une fête, un émerveillement.  Soit dit en passant, la plupart des lecteurs qui souscrivent à cette idée séduisante sont probablement les mêmes qui ne verraient pas d'un excellent œil leurs voisins en charge d'un gamin se comporter de manière aussi excentrique. En attendant, l'écriture étant légère et pleine d'esprit, chacun est  évidemment charmé par la fantaisie d'une telle famille, par la poésie absurde teintée d'humour présente à chaque paragraphe. Le pass

Les heures (Michael Cunningham)

Concordance des temps Les heures semble être le roman phare de l'oeuvre de l'auteur de La maison du bout du monde , lu il y a déjà plus de quatre ans. Virginia, Clarissa et Laura sont trois femmes à trois époques différentes. La première, l'écrivain Virginia Woolf, se noie volontairement dans une rivière dès les premières pages du roman. Les deux autres ont un lien avec elle que le lecteur découvre petit à petit, une connexion à la fois évidente et pas tant que ça car ce sont des femmes comme il en existe des millions sur Terre. Elles cherchent leur place dans un monde où elles se sentent ni libres ni heureuses. A quelques décennies d'intervalle, les heures s'étirent pour chacune d'elles au cours d'une journée, compliquée comme tant d'autres, de leur existence. C'est l'occasion pour Michael Cunningham de déployer sa plume sensible en esquissant le portrait de ses héroïnes ordinaires, personnages désenchantés et submergés par un ma

La place (Annie Ernaux)

"La grippe, moi, je la fais en marchant" Trouver sa place. La place dans la société pour une jeune fille quittant le modeste cocon familial pour étudier les lettres modernes dans une grande ville ? Ou la place de son père, homme à la fois humble et fier, le complexe de ses origines ouvrières chevillé au corps, tout autant terrifié à l'idée d'être méprisé pour sa condition par les gens instruits que de laisser ses propres pairs s'imaginer qu'il la renie. "Il ne faut pas péter plus haut qu'on l'a" comme on dit chez lui en Normandie. Je connais à peine Annie Ernaux, mais j'ai la sensation qu'à travers ce récit, elle parle autant d'elle que de son paternel auquel elle consacre pourtant un livre. Par une tournure épurée qui peut même laisser croire à une absence de style, elle fait le portrait d'un honnête homme comme il y en a probablement des milliers en France. Des faits, des anecdotes, des souvenirs, des impressions