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Articles

Affichage des articles du août, 2023

Le coeur de l'Angleterre (Jonathan Coe)

Middle England Cela faisait un moment que j'étais curieux de découvrir Jonathan Coe, un auteur britannique qui aime raconter son pays sous l'éclairage de son climat politique et social. Ce roman-ci m'a aimanté car il parle du Brexit, un sujet que je trouve inhabituel en littérature. Comme l'annonce la quatrième de couverture, après l'union nationale au moment des JO de 2012 survient la désunion avec le référendum de 2016 qui provoquera la sortie du Royaume Uni de l'UE en 2020. Le coeur de l'Angleterre, c'est ici la région de Birmingham ou encore, comme le dit l'écrivain lui-même, l'Angleterre profonde, celle qui a peur de la mondialisation, de l'immigration, de l'appauvrissement, du déclassement d'un pays attaché à ses valeurs traditionnelles, en somme un pays comme un autre. Sauf que le pays est une île, que la situation se cristallise, le pays se divise en deux camps et le parti conservateur décide de jouer aux dés en consultant les

Le joueur d'échecs (Stefan Zweig)

Échec au roi Entre deux tentatives d'amoindrissement de ma pile à lire, j'ai attrapé ce classique de Zweig dans le tout nouveau meuble à livres de l'immeuble. Les livres d'occasion sont des nids à acariens auxquels je suis allergique mais je n'ai pas résisté longtemps car il s'offrait à moi dans un plutôt bon état. Deux heures et une petite rhinite/conjonctivite plus tard, je l'avais terminé, ingurgité en une bouchée. Cette histoire de monomanie des échecs, résultat d'une situation subie sur fond de seconde guerre mondiale est fascinante. Il y a plusieurs types de torture et celle racontée par l'auteur autrichien est implacable et particulièrement raffinée. Il raconte à merveille le processus psychologique que le futur joueur d''échecs met en oeuvre pour échapper à la folie et qui, de fait, en entraine une autre tout aussi traumatisante, même si cette dernière lui sauve la vie. Ajoutons à cela, dans un final assez spectaculaire, le combat des

Ce que nous confions au vent - Laura Imai Messina

Allo ! En voilà un bien joli roman japonais même si techniquement parlant, il ne l'est pas puisque l'auteure est italienne et l'a écrit en italien. Laura Imai Messina a tout de même fait sa vie au Japon et a parfaitement intégré les codes de la littérature nipponne pleine de sensibilité, telle qu'elle plait à beaucoup d'entre nous. Il existe quelque part en montagne une cabine téléphonique d'où on peut appeler et converser avec ses chers disparus. Cela relève bien sûr de la pure technique thérapeutique car ici on ne baigne pas dans le fantastique. Yui et Takeshi ne se connaissent pas encore mais ils vont, chacun de leur côté, vouloir confier leur peine au vent. Ils se rencontreront. Comme prévu, le résultat est irréprochable de poésie et de délicatesse autour du thème du deuil. Éloge de la patience et du souvenir, il ne peut que toucher tout un chacun. En ce qui me concerne, j’ai beaucoup apprécié le roman en trouvant pourtant dommage que le récit se focalise au

Sarah Bernhardt (Sophie-Aude Picon)

  Diva L'intérêt de la biographie d'une personnalité historique est de découvrir sa vie et son oeuvre mais aussi d'en apprendre davantage sur son milieu et son époque. C'est d'autant plus vrai avec celle de Sarah Bernhardt qui, à l'instar de la plupart des artistes, fut-elle la première star de l'histoire d'après sa biographe, n'a pas eu de rôle politique qui la rendrait historiquement incontournable. Pourtant, pour l'anecdote, elle s'est apparemment targuée d'avoir eu quelque influence lors de l'affaire Dreyfus ou concernant l'entrée en guerre des États-Unis en 1917. La valeur ajoutée ici est donc principalement artistique, au travers de la peinture de la vie théâtrale et de l'atmosphère créative et mondaine du Second Empire et de la Belle Époque. Sarah Bernhardt y évolue en femme libre et tapageuse qui sait tenir tête à ses contemporains, même les plus illustres, et vivre avec éclat et excentricité sans être snob pour un sou

Les ailes collées (Sophie de Baere)

Mal amour Le jour de leur mariage, Ana fait la surprise à Paul d'inviter Joseph, un camarade d'enfance qu'il n'a pas revu depuis vingt ans. Flash-back immédiat, retour dans les années 80 et son enfance bancale entre deux parents qui ne savent pas comment communiquer, comment l'aimer, le rassurer et lui insuffler le goût de vivre, trop occupés à ne pas être heureux eux-mêmes. Viendra Joseph qui sera l'indispensable bouffée d'oxygène, une amitié essentielle qui entrainera les brimades des adolescents de son âge contre lesquelles il ne sait pas lutter, les ailes collées par le mal d'amour. Il l'a compris : une norme, ça se crée par inadvertance. Ça n'a pas de réelle nécessité. Et même, ça peut être ce qu'il y a de plus minable. Au fond, c'est juste un nombre. Le plus grand nombre. Ce roman est tout simplement magnifique. Sophie de Baere radiographie l'âme de ses personnages sans aucune faute de justesse et sait convoquer les émotions che