Vaudeville
Lire le roman dont est tirée La servante écarlate (ou The handmaid's tale),
la série qui cartonne actuellement, était une option. Pour découvrir
Margaret Atwood, j'ai préféré choisir une autre fiction de l'écrivaine canadienne, en l'occurrence
la dernière en date. Mauvaise pioche, j'ai
envie de dire, puisque le roman, qui partait pourtant sur de bons rails,
a à mes yeux rapidement fait une sortie de route.
Stan et Charmaine ont perdu leur job à la suite d'une crise économique
sans précédent. Comme des millions d'autres Américains, ils zonent sans
domicile fixe en luttant quotidiennement contre la faim et l'insécurité.
Lorsqu'on leur propose d'intégrer un programme très spécial pour
quitter la rue, ils sautent sur l'occasion malgré d'idylliques promesses
dont ils se méfient confusément. Ils n'ont pas tort car serait-on dans
une dystopie si le bonheur absolu était effectivement à la clé ?
Les premières pages posent les premiers jalons d'un scénario dystopique alléchant. Le couple s'installe avec enthousiasme et soulagement dans
leur mode de vie d'inspiration time-sharing, censé garantir stabilité, sécurité et prospérité : un mois en prison, puis un
mois en liberté, retour à la case prison, et ainsi de suite. Pourtant,
du côté du lecteur, les approfondissements tardent à venir sur le pourquoi et
le comment de cette société créée de toute pièce pour résoudre les
problèmes de chacun (et au bout du compte surtout de certains). En
lieu et place, une abracadabrante histoire croisée d'adultères se met en
place et part rapidement dans le farfelu, en tout cas sur un ton bien
éloigné de la dytospie classique et donc espérée.
En fait, ce n'est pas tant la tournure des évènements qui m'a dérangé
(Pourquoi ne pas injecter en effet une dose de fantaisie dans ce type
d'histoires ?) mais plutôt les raccourcis dans la psychologie des
personnages, dans l'absence de justesse de leurs réactions face aux
rebondissements. C'est un peu comme si tout ça ne les atteignait pas
vraiment. Du coup, l'histoire m'a semblé sonner faux. Cerise sur le
gâteau, les toutes dernières pages soulèvent un thème très intéressant mais,
comme pour le reste, il est abordé avec maladresse et précipitation et
laisse un arrière-goût d'occasion manquée.
10/18 - page 151
Aurora des Ressources humaines a un sourire sans joie, un regard glacial. Elle a un message à donner et c'est sans accroc qu'elle le transmet : vraiment désolée, mais Charmaine doit rester un mois de plus à Positron ; en outre, elle est relevée de ses fonctions dans l'administration des thérapeutiques?"Mais pourquoi ? bredouille Charmaine. S'il y a eu la moindre plainte..."Voilà une remarque peu futée, vu que les sujets auxquels elle administre ses thérapeutiques présentent un encéphalogramme plat dans les cinq minutes suivant le début de la Procédure spéciale, ce qui est en général le propre des gens dont le coeur a cessé de battre. Qui serait alors en état d'arpenter la planète et de porter plainte ?
On me l'avait recommandé à la médiathèque mais ça ne m'a pas franchement donné envie, je vois que j'ai eu raison de me méfier. De manière général le côté science-fiction/ dystopie ce n'est vraiment pas ce que j'aime (mais il m'arrive de faire des exceptions) du coup je me suis contentée de regarder la série. L'as-tu vu toi aussi?
RépondreSupprimerOui j'ai vu La servante écarlate et j'ai adoré. L'atmosphère oppressante et le jeu des acteurs sont réussis !
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