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Articles

Affichage des articles du janvier, 2023

Home (Toni Morrison)

Home is where it hurts Je crois qu'avant même d'avoir ouvert Home de Toni Morrison, j'étais fermement décidé à en raffoler. Pas de ce roman en particulier mais de toute oeuvre de l'auteure américaine, lauréate du prix Nobel de littérature qui semble avoir consacré une partie importante de son oeuvre à l'identité noire dans une Amérique ségrégationniste. Je ne pouvais qu'aimer et de fait je n'ai pas détesté, loin de là, mais une forme de distance s'est rapidement installé entre moi et les quelques personnages quelque peu sous-exploités d'un roman au format court et à la narration polyphonique. L'écriture est franchement belle et dégage une atmosphère à la poésie noire mais le style aux accents lyriques rend le récit aux ressorts clairement réalistes, presque irréel, voire vaporeux, comme si Toni Morrison ne souhaitait pas faire peser sur le lecteur toute l'étendue du drame qui se noue. Frank, un noir américain brisé par la guerre de Corée, tr

Call me by your name (André Aciman)

Aller à la "pêche" Le titre du roman est très beau. « Appelle-moi par ton nom et je t'appellerai par le mien » ou l'histoire de la fusion totale pendant quelques semaines entre deux jeunes hommes au cours d'un été des années 80. Avant de tomber dans les bras l'un de l'autre, les deux amants se tournent d'abord autour pendant un petit bout de temps (perdu). Et presque davantage que la liaison dont on devine l'intensité par quelques scènes torrides, c'est ce que je retiens du livre : la frustration de ne pas obtenir l'autre qui précède la terrible perspective de le perdre dans quelques jours. 😥 Cette dramaturgie participe évidemment au plaisir de la lecture que nous offre André Aciman. Ça et ses personnages Elio et Oliver qui font indéniablement rêver. On aimerait être à leur place : jeunes, beaux et bronzés à passer tout un été dans une belle villa italienne, à se baigner, jouer du piano, lire, écrire, aller boire des coups à la piazzetta d

209 rue Saint-Maur Paris Xe, autobiographie d'un immeuble (Ruth Zylberman)

Tirer le fil Autobiographie d'un immeuble ... drôle de formulation, comme si l'immeuble en question, situé tout en haut de la rue Saint-Maur à Paris, prenait la parole pour parler de lui. C'est pourtant l'esprit de ce récit mis en mots par Ruth Zylberman qui nous explique qu'elle a choisi l'adresse presque à l'aveugle parmi la longue liste de lieux répertoriés pour avoir connu l'horreur de la déportation d'enfants juifs pendant l'occupation allemande. Après avoir fini le livre, je me suis logiquement précipité sur le documentaire Les enfants du 209 rue Saint-Maur qui, pour le coup, se concentre vraiment sur ces enfants déportés ou rescapés. J'avoue avoir été un peu déçu car le livre est infiniment plus riche. Il raconte de A à Z la longue et patiente enquête que Ruth Zylberman a mené pour redonner vie à cet immeuble et aux familles qui y ont vécu de sa construction au 19ème siècle jusqu'aux années 2010. Il en dit beaucoup sur ce quartie