Le corps du Christ Amélie Nothomb a choisi ici un sujet ambitieux, polémique, voire casse-gueule. Elle est le Christ pendant sa Passion, c'est à dire pendant les dernières heures de sa vie entre son arrestation et sa mise au tombeau. Je pourrais dire que le narrateur est le Christ, mais pour moi à la lecture de Soif , c'est l'auteure que j'entends s'exprimer à la première personne du singulier. Qui d'autre ? Et elle est forte car, avec son habituel ton léger et son art consommé de la formule, avec un sens inné des idées aux considérations métaphysiques des plus limpides aux plus absconses, elle nous invite à la réflexion sur l'amour, la mort, la souffrance, la condition humaine et tout ce qu'on peut expérimenter quand on a un corps. Dieu ne pouvant ressentir tout cela, il a donc fourni tout ce qu'il faut à son fils le temps de son passage sur Terre. La soif, dont l'étanchement suffit au bonheur d’être incarné, prouve à elle seule l'existenc