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Articles

Affichage des articles du août, 2014

La nuit des temps - René Barjavel

L'homme est l'ennemi de l'homme Je continue tranquillement l'exploration de l'œuvre de Barjavel par la lecture de son roman le plus emblématique et peut-être le plus abouti. En tout cas, l'inventivité dont il fait preuve dans ce morceau de science-fiction m'a bluffé quand bien même il est important de préciser que peu habitué au genre, je manque de recul. L'idée de base est fantastique : des explorateurs scientifiques français trouvent par hasard en Terre-Adélie la trace d'une civilisation perdue, enfouie sous quelques centaines de mètres de glace depuis la nuit des temps. S'ensuit une extraordinaire aventure humaine ... Reconstitution d'une société évoluée vieille de 900.000 ans, récit d'une grandiose histoire d'amour dans toute sa naïveté et donc sa beauté, action et suspense sur fond de tensions internationales et de rivalités géopolitiques à deux époques différentes, réflexion sur la nature de l'homme et sa place da

La première chose qu'on regarde - Grégoire Delacourt

Etre ou disparaître   Un beau jour comme tous les autres, Arthur Dreyfuss ouvre la porte de sa petite maison de Picardie et se retrouve nez à nez avec ... Scarlett Johansson. La surprise est de taille pour ce jeune garagiste célibataire qui fantasme depuis toujours sur les femmes à forte poitrine. Mais comment Scarlett vit-elle le fait que la première chose, très souvent, qu'on regarde chez elle, ce n'est pas ... elle. Voici l'inattendu point de départ du dernier roman en date de Grégoire Delacourt, un troisième essai engageant à défaut d'être aussi réussi que le poétique 'La liste de mes envies'   L'accroche est croustillante, l'atmosphère oscille subtilement entre comédie et drame, c'est souvent drôle (c.f. le passage de l'interview avec la journaliste d'un canard local) et l'attachante poésie du quotidien de la France d'en-bas, celle qui fantasme sur le star-system (un grand nombre de vedettes sont citées), parcourt sou

La fille de papier - Guillaume Musso

  Sauvée des mots Guillaume Musso est l'écrivain français à succès de ces dernières années que je ne rêvais pas de lire. Quand l'un de ses livres m'est tombé par hasard dans les mains cet été, j'ai saisi l'occasion de connaître sa littérature que j'assimilais à celle de Marc Lévy, dont 'Et si c'était vrai' et 'Mes amis, mes amours'' m'avaient laissé impassible. Son pitch : Tom, un écrivain culte au succès fulgurant, vit une dépression suite à une douloureuse rupture amoureuse. C'était sans compter sur Billie, l'une de ses héroïnes de roman, qui tombe littéralement du bouquin dans lequel elle évolue avec la volonté de lui remettre les idées en place.   Je n'ai absolument rien contre cette étonnante, voire bizarre idée de départ, teintée de surnaturel. C'est même plutôt sympathique et marrant sur le papier. Rien à redire non plus sur l'écriture efficace, fluide, vivante de Monsieur Musso. C'est ai

Les âmes grises – Philippe Claudel

Zone sinistrée " Les salauds, les saints, j’en ai jamais vu. Rien n’est ni tout noir, ni tout blanc, c’est le gris qui gagne. Les hommes et leurs âmes, c’est pareil … T’es une âme grise, joliment grise, comme nous tous …" (page 134). Ce roman est davantage une ambiance qu’une intrigue. Il fait le portrait d’une petite ville lorraine toute proche du front en pleine première guerre mondiale. Les personnages ne sont pas des héros mais des « âmes grises », paysans ou bourgeois, petites gens ou notables, quotidiennement partagés entre le bien et le mal. Est dépeint un monde maussade, boueux, glauque comme l’état d’esprit du narrateur, policier de son état, qui traine son drame personnel comme un boulet au pied. Cet homme qu’on découvre par petites touches au début, puis de plus en plus, s’intéresse à « l’Affaire », le meurtre d’une petite fille, beauté en devenir, retrouvée sans vie au bord du canal. Est-ce quelqu’un du coin ou un soldat de passage qui l’a étranglé

Le confident – Hélène Grémillon

  Occupation irrégulière C e roman revient d’assez loin. Choisi dans les rayons d’une librairie grâce au bouche à oreille, la lecture de sa première partie me décevait pour un ensemble de raisons non rédhibitoires en elles-mêmes mais qui, imbriquées les unes aux autres, rendait l’ensemble peu emballant : intrigue de femmes déjà vue, personnages flous   et non attachants, manque de fluidité dans la narration pour cause de points de vue changeants. Pas évident à décrypter mais la mayonnaise ne prenait pas vraiment. Le roman met en scène (mais pas assez à mon goût) Camille, une jeune femme de 1975, qui reçoit des courriers anonymes lui relatant une histoire compliquée qui commença avant la seconde guerre mondiale. Est-elle concernée par ces confessions ou y a-t-il erreur de destinataire ? Heureusement la seconde partie rattrape largement la première, et cela surtout grâce au témoignage à la fois touchant et effrayant de Madame M, la responsable de tout ce grand désordre : un long