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Articles

Affichage des articles du juillet, 2021

La commode aux tiroirs de couleurs (Olivia Ruiz)

  C'est l'Espagne, ça vous fait les pieds* Pourquoi ai-je choisi ce roman ? Évidemment parce que j'aime Olivia Ruiz et son répertoire musical. La jeune femme d'origine espagnole utilise cette fois un format plus long que celui d'une chanson pour raconter de façon distanciée (jusqu'à quel point ?) l'histoire de sa propre famille, ses grands-parents ayant fui l'Espagne franquiste pour être accueillis fraîchement par les Français. En ça, le récit repose donc sur une réalité qu'il est intéressant de découvrir à travers le caractère trempé de Rita et de ses soeurs. Il s'agit, à mes yeux, d'un premier roman pas totalement abouti, notamment dans sa structure qui m'est apparue maladroite. Cette fameuse commode héritée par la petite-fille, une belle idée en soi (1 tiroir, 1 souvenir), est utilisée étrangement. Trop peu exploitée, on ne la visualise pas, on n'y croit pas ... alors même que l'objet narratif était là pour mettre en scène un

Quand nos souvenirs viendront danser (Virginie Grimaldi)

C'est la vie Dans mon esprit, je mettais les romans de Virginie Grimaldi à la hauteur de Mémé dans les orties d'Aurélie Valognes que je n'avais pas aimé du tout. Alors quand Quand nos souvenirs viendront danser m'est tombé dans les mains, presque accidentellement, j'y suis allé très prudemment. Et bien dites donc, je me suis laissé emporté par ce joli roman, indiscutablement bourré de trop bons sentiments mais terriblement distrayant, émouvant, drôle et étonnamment abouti. Je l'ai lu en un rien de temps, souvent amusé par les clichés et les situations faciles, mais gagné par le charme d'une bande de petits vieux esquintés par la vie et pourtant combatifs. Ils vont se démener pour que leur quartier ne disparaisse pas au nom du progrès et de l'urbanisation. Au passage, c'est leur vie et plus particulièrement celles de Marceline et Anatole qui nous sont racontées grâce à des retours en arrière pas mal ficelés. N'étant pas le premier client de cett

Les gratitudes (Delphine de Vigan)

Qu'est ce qu'on dit ? C'est toujours mieux en le disant : n'oublions pas de dire "merci" à ceux qu'on aime. Si on les aime, c'est qu'il y a une raison. Michka, elle, voudrait remercier ceux qui l'ont sauvée lorsqu'elle était petite fille pendant la guerre. Et le temps commence à lui manquer puisque aujourd'hui elle entre en maison de retraite. Elle est de moins en moins autonome et souffre d'aphasie, un trouble du langage qui fait que les mots se mélangent entre eux et ne sortent pas comme il le faudrait de sa bouche. Une poésie burlesque jalonnent ainsi les dialogues avec Marie, sa fille de coeur et Jérôme, son charmant orthophoniste, et elle est la bienvenue car le propos est grave, par nature. Au premier abord, Les gratitudes  peut apparaître succinct. L'auteure va à l'essentiel et se concentre notamment sur le présent de la vieille dame, sans s'attarder sur sa longue vie, mis à part quelques détails clés de son enfan

L'anomalie (Hervé Le Tellier)

  Le miroir du monde Je suppose que ce prix Goncourt n'est pas meilleur qu'un autre mais une chose est sûre : il est brillant et captivant. L'auteur explore un genre en général plutôt exploité par les romanciers américains plus connus pour l'efficacité de leurs scénarios et l'intensité de leur suspense que pour leur style littéraire. Hervé Le Tellier, lui, parvient à scotcher le lecteur façon page-turner sans pour autant négliger la qualité de l'écriture. Une "anomalie" spatio-temporelle dont qu'il faut mieux taire ici la nature exacte de peur de divulgâcher l'intrigue, apparaît lors d'un vol Air France Paris-New York. Ses effets sont spectaculaires. De quoi électriser la population et faire paniquer les gouvernements ... L'anomalie s'apparente au roman fantastique mais a rapidement l'intelligence de mêler anticipation, psychologique, sociologique, philosophique et métaphysique. Ça évoque Trump et Macron, le confinement, le rep