Nighthawks
Quatre personnes dans un café désert de la petite ville côtière de Chatham à Cape Cod, Massachusetts. La nuit tombe en ce jour de fin septembre, le vent se lève alors qu'à l'intérieur, l'ambiance est feutrée, familière autour d'un martini. Les propos échangés sont clairsemés, pudiques, comme inutiles. Une soirée comme une autre pour Louise, auteur à succès habituée des lieux, et Benjamin, barman. Sauf qu'elle ne va pas se dérouler exactement comme prévue. Le passé va débouler. L'avenir va-t-il se jouer en quelques minutes cruciales ?
L'arrière-saison est un court roman, petite perle de sensibilité comme Philippe Besson, de son écriture précise, sait les fabriquer. Les poses, les gestes, les regards et surtout les dialogues, au bout du compte peu nombreux, sont étudiés et disséqués un à un par l'auteur via l'angle des protagonistes du huis clos. J'ai aimé ça, le silence, l'introspection, l'observation avant de faire un pas vers l'autre, d'avancer à découvert. Le scénario est d'une simplicité désarmante, il est réduit à son strict minimum, l'atmosphère prenant le pas sur les évènements. On dirait un tableau d'Edward Hopper. 😉
10/18 - page 71
Elle ne s'était jamais vraiment figuré que Stephen Townsend pourrait, un jour, réapparaître. Depuis des années, elle vit sans lui. Plus que cela, elle vit en dehors de lui. Son absence a même acquis une consistance, c'est une chose qu'elle voit, qu'elle considère comme on considère un objet, qu'elle a posé à part d'elle, à côté d'elle, qui a une forme, une essence, et qu'elle a travaillé à réduire, à éloigner d'elle chaque jour davantage.
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