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La chambre de Giovanni (James Baldwin)

 La chambre de Giovanni

Victimes expiatoires

Dans le Paris de l'après-guerre, David est un jeune Américain tiraillé entre une relation conformiste avec Hella, une compatriote, et son attirance difficile à assumer pour Giovanni, un serveur Italien. David partagera pendant quelques mois la chambre de Giovanni, le temps d'un voyage de sa quasi fiancée à l'étranger.

Ce classique de la littérature américaine, écrit au milieu des années 50, est une bonne immersion dans la communauté homosexuelle de l'époque, tolérée si cantonnée dans son ghetto. Cette marginalisation fabrique notamment des tristes sires comme Jacques et Guillaume, personnages mesquins et profondément malheureux qui profitent de leur niveau de vie pour entretenir des relations déréglées avec des garçons à la dérive.

David, lui aussi, fréquente ce Paris-là.  Il est authentiquement tenaillé par son désir pour Giovanni, pauvre bougre plein de sincérité aux faux airs de gigolo que la vie malmène et qui en fera les frais. Hella et lui seront en quelque sorte les victimes expiatoires de la culpabilité et de l'homophobie intériorisée de David, elles-mêmes le résultat de son éducation et des injonctions de la société.

Cet excellent roman exprime remarquablement bien les pensées, sentiments et autres douleurs psychologiques d'un jeune homme de son temps et réalise une peinture frappante de la société des cafés interlopes de Saint-Germain-des-Prés ou des Halles.

Le Livre de Poche - page 116

Je souris. « Autant de choses que mon père ne m'a jamais dites.
- Quelqu'un, dit Jacques, mon père ou le tien, aurait dû nous dire que peu de gens sont jamais morts d'amour. Mais combien ont péri, et continuent à périr à toute heure, et dans les endroits les plus étranges ! par manque d'amour. Tiens, voilà ton chéri. Sois sage. Sois chic.»

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