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La mer est un mur (Marin Postel)

 La mer est un mur (Marin Postel)

Île-prison

Ambiance maritime, drame familial, mélancolie brumeuse, esprits tourmentés ... Il n'aura fallu que ces quelques informations dans les quelques avis positifs glanés ici ou là pour me persuader que cette fiction était faite pour moi. Je ne me suis pas trompé. Il sera à coup sûr l'un de mes grands coups de cœur de l'année.  

Chaque année, le narrateur Joseph et sa famille passent l'été dans une petite île de la Manche où ils possèdent une maison de vacances face à la mer. D'office, ce privilège les positionne en rivaux des habitants à l'année, modestes pêcheurs mal logés. Été après été, Joseph va voir croître la fascination d'Antoine, son frère aîné, pour ces insulaires aux mœurs frugales et farouches. Antoine fera tout pour se rapprocher de Baptiste, un garçon de leur clan, au risque de creuser petit à petit un fossé infranchissable entre lui et sa famille.

On comprend que le jeune homme va se perdre, que liberté et indépendance gagnées de haute lutte sont illusoires. L'auteur annonce très vite la couleur : il n'y aura pas de fin heureuse. Il distille pourtant une sorte de suspense mélancolique, à l'image de cette île à l'écart du monde qui peut aussi bien faire figure de paradis de plénitude que de prison d'ennui.
Ici c'était la règle, le continent vous avait à l'usure, on disait que la mer était un mur, et que ça n'était qu'en mourant qu'on le franchissait.
J'ai particulièrement aimé le point de vue de ce petit frère Joseph qui, à cause de la distance qui s'est installée dans la fratrie depuis l'enfance, ne confie au lecteur que ce qu'il sait, ce qu'il entend ou ce qu'il devine. En définitive peu de choses. Joseph ne se raconte pas lui-même mais on le sent personnellement meurtri, presque handicapé par l'histoire d'Antoine qu'il aime mais ne comprend pas.

La mer est un mur est un magnifique roman, triste, juste et beau.

Phébus

 Je comprenais mon frère, et quand le retour de pêche coïncidait avec la tombée du jour, à l'heure où la lumière dure s'effondrait dans la vapeur rose, on arrivait enfin à sentir cette plénitude et ce calme que notre père avait cherché pendant des années à nous transmettre.

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