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Voyage avec un âne dans les Cévennes (Robert Louis Stevenson)

Voyages avec un âne dans les Cévennes (R.L. Stevenson)

Robert Louis dans les Cévennes

Un couple d'amis s'apprête à "faire le Stevenson", c'est à dire entreprendre la randonnée à étapes dans les Cévennes sur une douzaine de jours sur les pas de Robert Louis Stevenson, l'auteur écossais qui en a tiré après coup un récit à partir de son carnet de voyage. Le poche un peu poussiéreux trainait depuis longtemps dans un coin de ma bibliothèque, ça a été l'occasion de le ressortir.

En 1878, en compagnie de l'ânesse Modestine avec qui il aura une courte et mouvementée relation, il partira de Monastier-sur-Gazeille (Haute-Loire), où il résidait depuis son arrivée dans la région après une grosse déception amoureuse, et arrivera douze jours plus tard à Saint-Jean-du-Gard (Gard). Même s'il l'exprime peu dans son livre, il est fort à parier que cela lui aura permis de réfléchir à son avenir.

Dans son récit, il décrit assez largement les paysages traversés, la riche histoire de la région (Le loup de Gévaudan, la révolte des Camisards ...) et ses rencontres avec la population qu'il trouve très "dépaysante" et globalement sympathique, à quelques exceptions près. Ce coin de France était à forte proportion protestante, et l'étant lui-même, le sujet de la religion et notamment des relations entre catholiques et protestants est assez présent.

Ce récit de voyage est d'une lecture très agréable, étonnamment empli d'humour et relativement court. On sent qu'il aurait pu en écrire beaucoup plus sur son expérience. Il a eu raison de se censurer. Comme pour les réseaux sociaux, en matière de confidences, il faut savoir raison garder.

Le Livre de Poche - page 114

La nuit est une période mortellement monotone sous un toit ; mais en plein air elle passe avec légèreté, avec ses étoiles, ses rosées, ses parfums, et les heures sont marquées par les changements à vue de la nature. Ce qui apparaît comme une forme de mort momentanée aux gens coincés entre deux murs n'est qu'un sommeil vivant et léger pour qui dort à la belle étoile. La nuit durant il peut entendre la nature respirer profondément et librement; même lorsqu'elle est au repos elle se retourne et sourit ; et il est une heure palpitante inconnue aux habitants des maisons, lorsqu'une influence vigilante se répand de par l'hémisphère endormi, et que tout le monde extérieur est sur pied. C'est alors que le coq chante matin, non point, cette fois, pour annoncer l'aube, mais tel un jovial guetteur pressant le cours de la nuit. Le bétail se réveille dans les prés, les moutons rompent leur jeûne parmi la rosée des coteaux, et choisissent les fougères comme nouveau pâturage; et les hommes sans logis, qui se sont couchés avec les volatiles, ouvrent leurs yeux ensommeillés et contemplent la beauté de la nuit.

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