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L'origine des larmes (Jean-Paul Dubois)

L'origine des larmes - Jean-Paul Dubois

L'eau et la mort

Paul a tué son père. Au sens propre, ça se discute avec le juge. Au figuré, il aurait aimé. Ce n'est pas faute d'avoir essayé.

Point de départ inhabituel pour le dernier roman en date de Jean-Paul Dubois, un auteur qui commence à m'être familier. J'aime son ton, son inventivité, son souci littéraire et son vocabulaire exigeant. Il y met juste ce qu'il faut de tout ça et aussi un subtil mélange de pessimisme, d'absurde, d'ironie voire de tragi-comique.

Avec Jean-Paul Dubois, il y a souvent des personnages savoureux. Ici c'est celui du psy aux interventions rafraichissantes dont on se demande parfois si elle sont académiques. Avec lui, par ordre du juge, Paul devra remuer la boue de son passé, résultat d'une figure paternelle effroyable.

Dans L'origine des larmes, on est en 2031. Le climat s'emballe et la pluie tombe à seaux. Et comme j'ai toujours aimé entendre la pluie abondante tomber alors que je suis à l'abri, je me suis un peu senti comme dans un cocon avec mon psy.

La fin du roman est tout de même particulièrement sombre et torturée. Malgré sa poésie noire, j'ai parfois eu du mal à avancer. Heureusement, les dernières pages ont fini de m'emporter.

Editions de l'Olivier

Nous avons beaucoup voyagé aujourd'hui, Paul. Vu de très belles choses, d'autres moins remarquables. Mais nous en revenons toujours aux mêmes tropismes, l'eau et la mort. Je ne suis pas surpris de la fascination que vous entretenez pour Kim Tschang-Yeul et pas davantage étonné qu'en son musée vous vous soyez senti au cœur de l'origine des larmes. Tout se tient. Tout est solidement imbriqué. Les gouttes, la mort, les larmes qui en découlent. Vous vivez à l'intérieur de ce petit monde qui vous isole du grand. Il y a quelque chose de coréen en vous dans cette volonté de ne pas vouloir exister et cette ardeur à porter tant de larmes.

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