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Articles

Affichage des articles du mai, 2024

L'origine des larmes (Jean-Paul Dubois)

L'eau et la mort Paul a tué son père. Au sens propre, ça se discute avec le juge. Au figuré, il aurait aimé. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. Point de départ inhabituel pour le dernier roman en date de Jean-Paul Dubois, un auteur qui commence à m'être familier. J'aime son ton, son inventivité, son souci littéraire et son vocabulaire exigeant. Il y met juste ce qu'il faut de tout ça et aussi un subtil mélange de pessimisme, d'absurde, d'ironie voire de tragi-comique. Avec Jean-Paul Dubois, il y a souvent des personnages savoureux. Ici c'est celui du psy aux interventions rafraichissantes dont on se demande parfois si elle sont académiques. Avec lui, par ordre du juge, Paul devra remuer la boue de son passé, résultat d'une figure paternelle effroyable. Dans L'origine des larmes, on est en 2031. Le climat s'emballe et la pluie tombe à seaux. Et comme j'ai toujours aimé entendre la pluie abondante tomber alors que je suis à l'abri,

Ceci n'est pas un fait divers (Philippe Besson)

  Ceci est une infamie Le destin d’une famille de la région bordelaise en apparence comme les autres bascule lorsque Léa, 13 ans, assiste au pire. « Papa vient de tuer maman ». Son frère aîné, le narrateur, accourt de Paris, horrifié. Il n’a rien vu venir et pourtant tout était sous ses yeux. Mais comment imaginer l’inimaginable ? Le titre du dernier roman sorti en poche de Philippe Besson est remarquablement bien trouvé. Ceci n’est pas un fait divers mais bien un fait de société. Les féminicides sont certes autant de situations individuelles qui ont leur existence propre mais ils s’inscrivent au sein d’un phénomène de grande ampleur qui n’est pas totalement pris en considération en tant que tel par le droit pénal. Gorge serrée pendant une bonne partie du roman et les yeux au bord des larmes à la toute fin. Voilà comment j’ai vécu ce roman poignant. La plume est simple, le récit presque documentaire mais Besson n’a pas son pareil pour placer le lecteur sur un fil d’émotion sans le fair