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Le dernier rivage (Nevil Shute)

Le dernier rivage - Neveil Shute

Extinction sans rébellion

1963. Une guerre nucléaire éclair a anéanti l'hémisphère nord. L'Australie est l'un des derniers rivages qui n'est pas encore atteint par le nuage radioactif qui s’étend inexorablement. Ce n'est plus qu'une question de temps. Un sous-marin américain, dorénavant basé à Melbourne, part en exploration vers le nord pour constater l'étendue des dégâts.

Malgré le pitch, le roman n'est pas un roman de guerre ou un thriller, même si bien sûr le suspense n'est pas absent, puisque le lecteur comme la poignée de personnages du roman a l'espoir malgré lui qu'il y ait une porte de sortie. On est davantage dans un récit psychologique et intimiste. Ni héros ni salaud. Chacun face à sa propre fin.

Au premier abord, ce livre est perturbant. Il m'a fallu du temps pour consentir à l'écriture simple, froide et sans style telle qu'elle m'apparaissait. J'ai cru au début que c'était parce que le roman date des années 50, à une époque où le rythme avait peut-être moins d'importance, pour finir par intégrer l'idée qu'elle collait parfaitement avec le récit et ma seconde cause de perplexité : le comportement totalement contre-intuitif des Australiens face à l'imminence de la fin du monde. Aucune panique à bord. Au chaos façon Mad Max qu'on s'attendrait à voir s'installer, tout le monde continue à vivre comme si de rien n'était, hésitant même à enfreindre les minuscules règles de la vie en société. Une forme de déni, mélangée à la certitude inconsciente de l'inutilité du désespoir débordant.

Une fois ce parti pris assimilé, j'ai lâché prise et j'ai moi-même accepté l'inéluctable avec fatalité et profité pleinement de cette très belle lecture étonnante et troublante.

Les éditions du Chemin de Fer - page 332

Puis, avec le temps, la radioactivité passerait aussi ; ces rues et ces maisons seraient de nouveau habitables dans une vingtaine d'années au pire, probablement beaucoup plus tôt. La race humaine allait être éliminée et le monde nettoyé pour céder la place à des occupants plus sages. Eh bien, cela avait probablement un sens.

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