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Le château des rentiers (Agnès Desarthe)

 Le château des rentiers - Agnès Desarthe

Encore là

Ceci n'est pas vraiment un roman mais un recueil de réflexions sur les thèmes de la vieillesse, de la mort et de la mémoire. Pour cela, Agnès Desarthe choisit l'angle autobiographique de ses grands-parents qui avaient recréé, dans leur tour de la rue du Château des Rentiers, un chaleureux "phalanstère" avec les membres de leur famille et avec leurs amis. Parce que dans la communauté juive dans laquelle l'auteure a grandi, "vieux" ne signifiait pas "bientôt mort" mais surtout "encore là". Être joyeux, à défaut d'être heureux, c'est presque de l'ordre de la moindre des politesses à l'encontre des absents.

J'avoue avoir été un peu perturbé pendant la lecture par le côté foutraque du livre. Il est construit de toutes sortes de choses : d'imagination, de rêves, d'anecdotes souvent savoureuses, de flashbacks, de dialogues outre-tombe ou avec soi-même et autres micros-trottoirs qui donnent au récit une allure déstructurée. Mais finalement, c'est pas mal car ça illustre la manière que chacun a d'appréhender la vieillesse, de l'enfance à l'âge requis. Le livre est fait de mille idées franchement intéressantes, de bons mots et autres fulgurances qu'on a envie de lister ici (il faut que je me mette aux post-it moi aussi) et qui servent toujours le propos. Une magnifique idée.

Éditions de l'Olivier - pages 161 et 162

- Depuis que j'ai commencé à concevoir ce projet en miroir de ce que j'avais connu chez mes grands-parents, je me dis que notre génération a vécu dans un confort tel que la vieillesse a cessé d'être un privilège - le privilège de ceux qui s'en sont sortis, qui ont échappé à la mort, dont la santé a permis qu'ils résistent à diverses épidémies. La vieillesse, pour nous, n'est que déchéance. Notre génération a tout à perdre en vieillissant. J' ai peur que mon phalanstère ne voie jamais le jour.
- Agnès Desarthe aura son phalanstère quand elle aura souffert ?

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