Une terrasse au printemps
Ouvrir un livre de Philippe Delerm, c'est une expérience littéraire à part. À chaque chapitre, le temps d'un court moment, le lecteur profite d'une réflexion poétique ou du récit d'une tranche de vie que l'auteur a fait siennes, qu'elles aient été véritablement vécues ou simplement imaginées. J'ai envie de dire qu'elles sont probablement autofictionnelles, le fruit d'une observation toute personnelle.
Chaque historiette étant indépendante de la précédente, on peut les picorer à l'envie dans n'importe quel lieu et à n'importe quel moment de la journée. Cela peut s'avérer un peu frustrant quand elle est terminée et que l'on se voit forcé de passer à autre chose. Mais tout le long de Un trottoir au soleil, comme dans ses autres livres, je crois, on savoure l'écriture impressionniste de Philippe Delerm qui laisse derrière elle une apaisante sensation, quelque chose de soi, une expression de l'intime qui fait du bien.
Gallimard NRF - pages 44 et 45
Les raisons d'admirer, de se sentir en accord ne manquent pas, mais le meilleur vient aussi de cette petite mauvaise foi initiale qui tient sa place dans l'alchimie du plaisir. Aimer ce que les autres ont dédaigné, ce dont ils se méfient. Il ne s'agit pas tant de jouer l'iconoclaste que de se concilier un pouvoir d'étonnement personnel. On n'est pas comme Léautaud qui achetait les exemplaires du Neveu de Rameau de peur qu'ils ne tombent en de mauvaises mains. Mais on n'est pas non plus de ceux qui ont envie de lire seulement ce que les autres lisent. On aime croire un peu en soi. Se plaire dans Turin.
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