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Les ailes collées (Sophie de Baere)

Les ailes collées - Sophie de Baere

Mal amour

Le jour de leur mariage, Ana fait la surprise à Paul d'inviter Joseph, un camarade d'enfance qu'il n'a pas revu depuis vingt ans. Flash-back immédiat, retour dans les années 80 et son enfance bancale entre deux parents qui ne savent pas comment communiquer, comment l'aimer, le rassurer et lui insuffler le goût de vivre, trop occupés à ne pas être heureux eux-mêmes. Viendra Joseph qui sera l'indispensable bouffée d'oxygène, une amitié essentielle qui entrainera les brimades des adolescents de son âge contre lesquelles il ne sait pas lutter, les ailes collées par le mal d'amour.

Il l'a compris : une norme, ça se crée par inadvertance. Ça n'a pas de réelle nécessité. Et même, ça peut être ce qu'il y a de plus minable.
Au fond, c'est juste un nombre.
Le plus grand nombre.

Ce roman est tout simplement magnifique. Sophie de Baere radiographie l'âme de ses personnages sans aucune faute de justesse et sait convoquer les émotions chez le lecteur. J’ai eu la sensation de parcourir chaque chapitre (ils sont presque tous courts) en apnée avant de reprendre mon souffle et d’entamer immédiatement le suivant. la lecture s’est terminée avec le cœur et la gorge serrés par l’émotion et l'envie de rester plus longtemps en compagnie de Paul, de devenir son ami, le rassurer, l'aider à continuer à avancer sur le chemin du bonheur.
En cet instant, Paul saisit qu'il n'aurait besoin que de la bouche de ce garçon pour embrasser toutes les bouches. En cet instant, il avait déjà tout trouvé, tout éprouvé. Tout aimé.

Le Livre de Poche - page 344

Il n'y a guère plus que les romans qui l'intéressent.
À s'en abîmer les yeux, même. Jour après jour, le jeune enseignant s'oublie dans leur poésie, vit d'autres vies.
Renaît. Ou meurt.
C'est selon.
Paul pense souvent au petit garçon bègue et solitaire qui se réfugiait sur les marches du préau, un tas de livres d'aventures collé à ses genoux. Il n'a pas tellement changé, au fond.
Tu es comme moi, à l'habituer aux choses parce qu'elles te dépassent, lui a dit une fois la mère.

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