Vivre caché ou mourir
Avant de commencer la lecture, je m’interrogeais sur le sens de ce joli titre poétique. Je l'ai trouvé nettement moins à mon goût en apprenant que c'est ainsi qu'on appelle en Tchéchénie les hommes qui aiment les hommes. Il n'y a apparemment pas de terme officiel, le déshonneur étant si grand pour la famille qu'un homosexuel doit se résoudre à vivre caché au risque d'être assassiné.Pour Kirem et Makhmoud, être gay est en tout cas un crime bien plus grave que de lancer une bombe dans la cantine d'un lycée de La Haye ... Oumar et Alissa, de leur côté, tentent de laisser derrière eux leur pays en guerre pour se reconstruire aux Pays-Bas.
Un roman très actuel, profondément ancré dans la réalité qui, dans le désordre, parlent d'intégration, de liberté, de déracinement, de reconstruction, d'identité, du poids des traditions, de religion, des valeurs en opposition ... Tout cela dans un récit fort et riche, pas si long et vraiment très bien écrit. Chacun des protagonistes, principal ou secondaire, est admirablement campé, sa nature, ses pensées et vision des évènements exprimés avec justesse et finesse. Un livre qui marque.
Folio - pages 67 et 68
les gens ils disent « il a connu la guerre c'est pour ça qu'il est étrange » et j'ai envie de les frapper parce qu'ils ne savent pas de quoi ils parlent, ils pensent que la guerre c'est comme à la télévision avec des immenses fumées dans le ciel, des gens qui pleurent et qui sortent des enfants couverts de poussière blanche des décombres de leur immeubleils ne savent pas que la guerre c'est la cave l'attente la faim les gens qui s'éteignent l'impuissance les mots qui ne servent à rien face aux soldats l'humiliation les souvenirs qu'on veut jeter et qui restent comme tatoués sur le blanc de l'œil : tu clignes des yeux et la guerre revient, tu regardes ailleurs, elle est toujours là, tu dors, elle t'attend tapie dans le noir.
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