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Le dernier enfant (Philippe Besson)

Le dernier enfant - Philippe Besson

Rester femme

Que peut-on ajouter quand on lit le énième roman, le quatorzième en l'occurrence, d'un auteur chouchou que l'on admire pour sa plume sensible, plutôt simple sans fioriture ce qui n’exclut pas le souci littéraire, qui va droit au coeur car elle sonde le coeur de ses protagonistes ?

Évidemment on se répète. Je vais donc juste rappeler que Philippe Besson sait mieux que personne évoquer les tourments de l’âme et il a visé particulièrement juste cette fois-ci en racontant les tourments d'Anne-Marie, une femme qui voit son dernier enfant quitter le foyer après une trentaine d'années de bons et loyaux services. Quand les deux premiers sont partis, c'est passé comme une lettre à la poste car il restait encore Théo à couver, et lui, il n'était pas encore prêt pour bondir hors de sa coquille. Enfin, le pensait-elle car évidemment c'est elle qui n’était pas prête. Elle n’a pas vu le coup venir ou elle n’a pas voulu le voir, dans son cas c’est la même chose. Comment rester une femme après avoir été surtout une mère ?

Un drame que la plupart des mamans vivent à coup sûr et un sujet peu traité en littérature, il me semble. L'exercice est très réussi. À mon plus grand plaisir, Besson décortique le sujet au microscope. La fin du roman, dans un style assez « drama queen », ne m'a en revanche pas convaincu sur le moment. À froid, je trouve que c'est finalement un bon choix narratif, plus crédible que ça en avait l'air au premier abord.

Pocket - page 80

Alors, bien sûr, c'était le bonheur des gens ordinaires, qui savent d'emblée qu'ils n'auront pas droit à la munificence, à l'extravagance, qui ne tutoient pas les sommets, qui ne partent pas au bout du monde, qui ne côtoient pas les puissants, qui n'ont rien de fabuleux à raconter. C'était un bonheur simple, frugal, un bonheur du quotidien, des petites choses, des menues satisfactions. Mais ça leur suffisait, ça lui suffisait.
Forcément, comme tout le monde, elle a quelquefois rêvé de mieux, on ne peut pas s'en empêcher, quand on voit les autres à la télévision qui ont tout, quand on regarde les films. Et elle a lu dans ses livres du soir des histoires qu'il lui aurait plu de vivre. Mais elle a toujours été raisonnable. Du coup, elle n'a pas nourri de regrets. À quoi ça aurait servi de regretter quand on n'a pas eu le choix ?

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