Une histoire américaine
« Pastorale américaine » ou le portrait de l'Amérique du
vingtième siècle par le biais autofictionnel habituel de Philip Roth, celui de
la communauté juive de Newark, New Jersey.
Ce roman m'a en quelque sorte fasciné par sa structure. L'histoire qui nous est racontée est relativement simple mais elle est tissée de digressions incessantes qui se succèdent les unes aux autres dans un fourre-tout qui n'est évidemment qu'apparent. Quand l’écrivain s’empare d’un épiphénomène du récit, il le tord dans tous les sens pour en tirer sa substantifique moelle. Le roman devient dense et s'étire à tel point que j'ai pu parfois trouvé le temps long. Heureusement, la plupart du temps, je me suis simplement régalé de la plume brillante de Philip Roth.
Folio
Aussi bien, cette réunion de famille n’avait lieu qu’une fois l’an, pour Thanksgiving, fête neutre, vidée de son contenu religieux, où tout le monde mange la même chose, et personne ne va se cacher pour consommer des mets bizarres, style kugel, gefillte fish, et herbes amères. Deux cent cinquante millions de personnes mangent une dinde unique et colossale, qui nourrit tout le pays. On met entre parenthèses les mets bizarres, les pratiques bizarres et les particularismes religieux, entre parenthèses la nostalgie trimillénaire des Juifs, et chez les chrétiens le Christ, sa croix et sa crucifixion ; chacun, dans le New Jersey et ailleurs, met son irrationalité en veilleuse mieux que tout le reste de l’année. On met entre parenthèses griefs et ressentiments, et pas seulement les Dwyer et les Levov, mais tous ceux qui, en Amérique, soupçonnent leur voisin. C’est la pastorale américaine par excellence ; ça dure vingt-quatre heures.
Bonsoir, c'est grâce à Pastorale américaine conseillée par une amie que j'ai découvert Philip Roth et ce fut une grande joie. Dans la foulée, j'ai lu J'ai épousé un communiste et La tache. Mais mon préféré restera Indignation, un chef d'oeuvre. Bonne soirée.
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