Midi à sa porte
Flammarion - page 118
Tu sais, si tu les kiffes tant que ça, ces quartiers populaires, abstiens-toi de t'y installer. Parce que c'est des bouffons comme nous qui les faisons disparaître. Ça a un nom, tu sais : la gentrification. À cause de nous, un jour ou l'autre, tous ces gens seront forcés d'aller voir ailleurs. Et même s'ils restent, tu crois que ça les amuse qu'on ouvre deux cavistes, trois fromagers affineurs, dix maraîchers bios et deux restos « bistronomiques » en bas de chez eux, à la place de leurs tout à dix balles ? Et ils en pensent quoi à ton avis de la déco branchée des troquets refaits à neuf maintenant qu'ils ne s'y sentent plus les bienvenus et que le café est à trois euros ? Non vraiment, abstiens-toi. Surtout si c'est pour finir par foutre nos gamins dans le privé, histoire d'être bien certains qu'ils ne se mélangent pas avec les enfants de ceux qui le rendent si « populaire », ton foutu quartier. Surtout si c'est juste pour pouvoir se raconter qu'on vit dans un coin resté « dans son jus » qu'on ne s'est pas trop « embourgeoisés» alors qu'en définitive, on ne fréquente que nos semblables.
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