Le sens de l'Histoire
Nous avons quitté Octave Mouret s'installant en ménage avec la patronne du Bonheur des Dames dans Pot-Bouille, nous le retrouvons veuf et triomphant quelques années plus tard. Il est à la tête du grand magasin pour lequel il a des ambitions démesurées mais à la mesure de l'époque, au moment où la population parisienne (Zola entend par là les femmes) découvre les temples de la consommation à bas prix. La jeune Denise débarque de Normandie avec ses frères et va en quelque sorte révolutionner l'endroit malgré elle.
Ce tome des Rougon-Macquart fait du bien avec son ton plutôt positif, voire optimiste, malgré la critique ouverte des nouvelles habitudes de vie qui émergent à cette époque et l'effet désastreux qu'elles ont sur le petit commerce. Même Denise qui constate les dommages collatéraux dans son entourage semble se réjouir de l'évolution. Pour elle, c'est aussi le sens de l'Histoire.
La peinture de l'établissement qui semble vouloir devenir toujours plus grand avec sa débauche d'articles à vendre, sa clientèle déchaînée et son peuple servile est incroyablement riche, vivante et crédible.
Au Bonheur des Dames est apparemment un roman très lu et très apprécié. Je rejoins l'avis général.
Folio classique - page 488
Alors, Mouret, seul et songeur, traversa à nouveau les magasins. Cette scène, qui l'avait distrait du combat dont il était déchiré, augmentait sa fièvre maintenant, déterminait en lui la lutte suprême. Tout un rapport vague s'élevait dans son esprit : le vol de cette malheureuse, cette folie dernière de la clientèle conquise, abattue aux pieds du tentateur, évoquait l'image fière et vengeresse de Denise, dont il sentait sur sa gorge le talon victorieux. Il s'arrêta en haut de l'escalier central, il regarda longtemps l'immense nef, où s'écrasait son peuple de femmes.
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