Darwinien
Au changement, aux autres, aux circonstances ... "S'adapter", n'est-ce pas ce qu'on fait tous un peu tout le temps pour survivre dans ce monde de brutes ? 😅
Le roman "darwinien" de Clara Dupont-Monod nous conte l'histoire au long cours d'une fratrie qui se construit, au moins psychiquement, autour d'un enfant né d'un handicap sévère et de parents meurtris. La douleur de ces derniers, on la devine plus qu'on ne la lit car leur point de vue est quasiment occulté au profit de celui de leurs trois autres enfants "valides" qui, eux, s'adapteront chacun à leur manière à la situation.
Cela donne un roman assez particulier et aux ambitions littéraires certaines qui m'ont souvent séduit et parfois gêné, notamment quand l'auteure fait parler les pierres, un procédé qui ne me parle pas.
En revanche, les différentes approches des frères et soeur face à cet enfant "inadapté" m'ont intéressé et en tout premier lieu celle du petit dernier qui décide de s'attribuer après coup la fonction de baume apaisant de la famille. Un émouvant portrait de famille.
Stock - page 32
Il écoutait. À son contact, l'äiné apprit le temps creux, l'immobile plénitude des heures. Il se coula en lui, comme lui, pour accéder à une exceptionnelle sensibilité (froissement au loin, rafraîchissement de l'air, murmure du peuplier dont les premières feuilles, retournées par le vent, brillent comme des paillettes, épaisseur d'un instant chargé d'angoisse ou rempli de joie). C'était un langage des sens, de l'infime, une science du silence, quelque chose qu'on n'enseignait nulle part ailleurs. À enfant hors norme, savoir hors norme, pensait l'aîné. Cet être n'apprendrait jamais rien et, de fait, c'est lui apprenait aux autres.
Commentaires
Enregistrer un commentaire