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Le dîner (Herman Koch)

Le dîner - Herman Koch

Cartes sur table

La couverture du format poche de ce roman néerlandais annonce la couleur. Sur fond de ciel bleu, un homard sur son assiette fixe froidement le lecteur, telle une métaphore du dîner de tous les dangers entre deux frères et leurs épouses.

Paul, le narrateur, se rend à reculons dans un restaurant ridiculement chic (voir extrait ci-après) à la demande de son frère, un politicien de stature nationale. Malgré une aigreur palpable, le dîner commence avec une relative légèreté sous la forme d'une critique moqueuse des rapports sociaux. Ce n'est qu'après l'entrée que le plat de résistance est servi. L'heure est grave, les deux familles sont réunies pour discuter des agissements de leurs enfants.

Dès l'apparition dans le récit de l'enjeu dramatique, un signal d'alarme s'est mis à se manifester en moi et la suite des évènements confirmera cette impression. La comédie sarcastique laisse place à une ambiance de thriller dont l'angle de vue m'a paru sortir des sentiers battus. Le lecteur est mis à l'épreuve sur ses valeurs et doit accepter la part d'ombre et les non-dits que Paul porte en lui.

Le dîner est déstabilisant mais j'ai eu la sensation de lire quelque chose de vraiment différent. 

10/18 - page 38

Ma fascination a une autre origine, elle a un rapport avec ce que j'appellerai, pour plus de commodité, la distance infranchissable entre le plat  et le montant à débourser pour le consommer : comme si deux grandeurs - d'un côté l'argent, de l'autre la nourriture - n'avaient aucun rapport entre elles, comme si elles vivaient une vie parallèle dans deux mondes distincts et ne devraient en tout cas pas se retrouver ensemble sur une même carte.





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