Sousvivre*
Ma première lecture de ce livre date justement des années 1980. J'avais été impressionné par un sujet qui, plus de 30 ans après, est plus que jamais d'actualité, voire nous pend au nez, au moins dans certaines régions du monde. Ce qui m'a interpellé cette fois-ci est de constater à quel point George Orwell pressentait l'arrivée des technologies qui, depuis, ont eu le temps de s'installer dans nos vies. Quand bien même les télécrans décrits dans son roman, publié en 1949, semblent bien rétro en 2021, ils ne l'étaient pas encore tant que ça en 1984.
Je me souvenais pas mal de l'univers oppressant décrit par Orwell, un régime totalitaire qui annihile absolument toute liberté individuelle au profit d'un incompréhensible intérêt (pas du tout) général. Les explications sur le "néoparler", la langue officielle de cette nation dystopique, et sa propension à réduire la richesse du langage et donc la réflexion de ses habitants pour mieux les soumettre au joug officiel du grand parti sont fascinantes à lire.
En seconde partie, la violence physique mais avant tout psychologique de cette épouvantable dictature atteint un paroxysme inégalé en terme de cruauté. On en reste sans voix. Ca tombe bien, donner son avis est dangereux.
* "vivre" et "souffrir" en néoparler selon Sorel, c'est à dire "survivre" et donc "sousvivre"
Folio - page 186
Syme a disparu. Un beau matin, il n'est pas venu travailler ; quelques étourdis ont commenté son absence. Le lendemain, plus personne ne prononçait son nom. Le surlendemain, Winston est entré dans le vestibule du Service des Archives pour consulter le tableau d'affichage. Sur l'une des feuilles, il a trouvé la liste des membres du Comité des Échecs, dont Syme faisait partie. La liste est intacte - aucun nom n'a été rayé - mais il en manque un. C'est tout. Syme a cessé d'exister, il n'a donc jamais existé.
Je me rappelle l'avoir lu pour la première fois adolescent (avant 1984!), et l'avoir relu après avoir lu le film sorti en 1984 avec Richard Burton, bien inquiétant...
RépondreSupprimer(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola