Les piliers de fer
Le titre poétique de ce roman est une invitation au voyage : un voyage dans le temps entre 1863 et 1918 et principalement deux lieux : Grenade et Paris. Au centre du récit, il y a les époux Delhorme, l'une artiste et l'autre scientifique, et leurs trois jumeaux nés en plein palais de l'Alhambra avec l'aide de ... Gustave Eiffel, de passage dans le coin presque par hasard puisqu'il est en recherche de projets pour faire vivre son entreprise qui n'a pas fini de gagner en prestige.
Éric Marchal confectionne un canevas romanesque qui se noue autour de cette famille fictive, bohème et humaniste qui croise le chemin de personnalités historiques, à une époque où les sauts de géant de la science et son application concrète dans la vie des gens ne laisse entrevoir que la face positive du progrès.
Cette grande saga historique de plus de plus de 1000 pages possède un petit côté Les piliers de la terre, version 19ème siècle. Ponctuellement, j'ai pu trouver le temps un peu long lorsque l'intrigue paressait sous le soleil andalou, et c'est peut-être parce que je ne visualisais pas totalement le cadre, même si j'ai la chance d'avoir pu visiter Grenade et son Alhambra. En revanche, j'ai complètement adhéré aux passages parisiens, les lieux et les références m'étant plus familiers. Et puis surtout, quel plaisir d'avoir l'impression de vivre un peu de cette époque fascinante, de participer en spectateur aux réalisations prestigieuses de Gustave Eiffel : le pont de Porto, la structure de la statue de la liberté et la tour éponyme.
Pochet - page 690
- Et le projet de pylône ?
- Pour être franc, il ne me plaît pas trop. Il y a d'autres moyens de démontrer notre savoir-faire.
- Un monument de mille pieds, c'est un aussi beau record que vingt mille mètres en ballon, Gustave.
- Mais quelle justification, à part la performance ? Construire un totem et le défaire six mois plus tard ne m'enchante guère.
- Ce serait une station météorologique idéale, un moyen unique d'explorer l'atmosphère de Paris? Vous pourriez l'ouvrir à d'autres expériences scientifiques.
- Peut-être.
- Ce serait aussi le meilleur moyen d'oublier l'accident de la Tardes.
Claire vint les interrompre : le fiacre était arrivé et attendait Eiffel.
- Il ne faut jamais oublie la Tardes, Clément. Et nous rappeler que nous ne sommes pas Dieu.
- Mais Dieu est mort : nos ponts et nos tours sont des offrandes païennes au nouveau dieu du progrès. Nous avons pris notre envol, Gustave, nous construisons nos propres icônes, et plus rien jamais ne nous arrêtera.
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