Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du décembre, 2020

Un instant d'abandon (Philippe Besson)

  Débarrasser le plancher C'est un vrai plaisir de retrouver, le temps d'un court roman, l'écriture sèche et évocatrice de Philippe Besson. C'est à nouveau le bord de mer qui en est le cadre, cette fois-ci celui parfois maussade parfois tempétueux des Cornouailles au bout de l'Angleterre. Condamné par la justice il y a quelques années dans des circonstances tragiques, Thomas revient dans sa ville natale alors qu'il devrait plutôt la fuir. Pourquoi ? Il est difficile de ressentir de la sympathie pour cet homme. Ce qu'il a fait et sa façon de le raconter nous maintient à une certaine distance de lui. Ni coupable, ni innocent, il a fait le choix, en grande partie inconscient, de provoquer l'impardonnable pour enfin revivre, quitte à devoir passer d'abord par la case prison. La sympathie non donc, l'empathie peut-être car n'avons-nous pas tous ressenti ça un jour ? Vouloir changer le cours de sa vie sans avoir le courage de passer à l'acte, e

Le discours (Fabrice Caro)

La vie est un porte-serviettes Adrien est sommé par son futur beau-frère de prononcer un discours pendant le repas de mariage de sa soeur. Ça tombe vraiment mal, c'est la dose de stress en trop alors qu'il attend des nouvelles de Sonia, qui s'octroie une pause dans leur couple depuis 38 jours ... Les romans introspectifs sont évidemment ceux que je préfère. Alors quand ils sont drôles, ce n'est que du bonus. Dans Le discours , plus que de l'humour pur, il s'agit surtout d'une sorte d'esprit absurde et décalé qui, chez moi, a fait mouche presque à chaque fois. Il est fondé sur un sens aigu de l'observation des petits travers de la société et de nos interactions avec familles et amis, êtres humains si proches de nous depuis toujours mais de plus en plus difficiles à comprendre avec les années. Mais ce roman n'aurait pas pu totalement me plaire s'il n'avait été que drôle. La causerie intérieure et désespérée d'Adrien au cours d'un re

Né d'aucune femme (Franck Bouysse)

La misérable Ce roman, au titre qui claque, raconte une histoire sombre et tragique qui a tout du conte manichéen comme du roman du 19ème siècle. Le destin effroyable de Rose n'a pas grand chose à envier à la Fantine de Victor Hugo. L'intrigue se passe d'ailleurs plus ou moins à la même époque - on l'apprend grâce à un détail au détour d'une phrase - dans une quelconque région rurale de France. Vendue par son père à des Thénardier de la pire espèce, la jeune fille ne va pas être à la fête, c'est le moins qu'on puisse dire. A tel point que l'intrigue a tendance à verser dans le misérabilisme et du coup à rendre la lecture oppressante malgré la tournure assez prévisible des évènements. Au moment du dénouement, une légère bise d'optimisme souffle enfin mais c'est à mon goût un peu trop rapide et pas très limpide. Pour autant, Né d'aucune femme est un sacré morceau de littérature. Il y a à la fois une forme de rudesse très terrienne et un souffl