Ainsi va le monde
Dans La fortune de Sila, Fabrice Humbert dépeint et, par le fait, dénonce notre monde globalisé et avide d'argent en racontant les tribulations de trois arrivistes de première classe : Lev, Mark et Mathieu. Chacun, à sa manière, va faire son trou dans le pétrole, l'immobilier ou la finance avec son lot de victimes collatérales, dont leurs compagnes qui se révèlent être bien impuissantes face à l'ambition masculine, et le naïf Simon qui m'a fait vivre mes meilleures pages de lecture par son côté attachant. Et puis, il y Sila, victime suprême, le jeune migrant africain qui symbolise à lui tout seul, le peuple d'en bas opprimé par une minorité égoïste qui continuera à mettre le monde à genou tant qu'il y aura du fric à se faire et quelle que soit l'ampleur des crises passées et à venir. Malgré ça, le livre souligne aussi l'idée que la bonne fortune tient à peu de choses et que quand elle est obtenue, c'est de façon bien précaire.
Ce roman est brillant et même poignant. J'ai simplement eu le sentiment de découvrir ses qualités un peu tardivement et cela malgré l'écriture soignée de Fabrice Humbert. En effet, sans ressentir non plus du déplaisir, la roman ne m'a pas excessivement distrait ni captivé la plupart du temps. En revanche, en arrivant sur la fin, il m'est apparu soudain non seulement habile mais aussi nécessaire.
Sans la dévoiler, la dernière phrase m'a beaucoup parlé et ému.
Le Livre de Poche - page 113
Dans la vie, le problème, c'est de se réinventer. De devenir un autre être. D'autant que lorsqu'on cherche à se réinventer, le vrai travail se produit, celui de la perpétuation, la puissance forte qui pousse à être toujours soi-même, de sorte que les métamorphoses se nouent et se dénouent pour arriver au terrible constat : nous sommes toujours nous-mêmes mais plus profondément.
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