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La tête sous l'eau (Olivier Adam)

Et dans le tambour

Antoine a beaucoup de mal à garder la tête hors de l'eau. Sa vie d'ado ordinaire est complètement bouleversée depuis que sa grande soeur Léa a disparu au cours d'un festival de musique en Bretagne. Sa famille s'y est installée depuis quelques mois pour prendre un tout nouveau départ. Au lieu de ça, l'angoisse et le manque ont infiltré le foyer et ses parents menacent d'exploser en vol. Quand Léa est retrouvée vivante, mais non indemne, l'immense soulagement laisse vite la place à une nouvelle bataille : faire face au désarroi de sa soeur.

Il s'agit du premier ouvrage jeunesse d'Olivier Adam que je me mets sous la dent. J'ai été surpris en l'apprenant après coup. Certes, il est moins long que la plupart des autres, la noirceur envahit peut-être de façon plus édulcorée les états d'âme des personnages, en tout cas en intégrant moins de composantes politiques ou sociales, mais au bout du compte il est assez semblable aux autres avec sa thématique bien torturée.

Servi par une plume évocatrice à renfort de métaphores sur le vent qui malmène les coeurs et sur l'océan qui nettoie les têtes, le combat au jour le jour de l'adolescent est empreint d'une grande beauté sombre à laquelle j'adhère entièrement. Le gamin m'a conquis. Par son empathie et sa pudeur, il est plus vrai que nature et pourtant exemplaire avec toutes les limites liées à son âge.

Encore une fois un magnifique roman de Monsieur Olivier Adam.

Pocket - pages 65 et 66

Tout ça m'entre dans le coeur comme des morceaux de verre. On se dirige vers l'eau et je reste deux heures à me faire bousculer par les vagues. Je cherche moins à les prendre qu'à me perdre à l'intérieur. Comme dans le tambour d'une machine à laver. Je les laisse m'emporter, me malmener. Me brutaliser. Infiniment je chute et bois la tasse, me retrouve la tête sous la flotte sans plus savoir discerner le fond de la surface. Je me laisse boxer jusqu'à l'épuisement, jusqu'à ce que mon cerveau se vide et que mon corps s'efface.

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