Peindre et faire un tour (de la rocade)
J'aime Jean-Philippe Blondel, sa langue qui sonne juste, ses phrases courtes qui vont à l'essentiel, son regard sur soi, les autres, le monde en général, un brin désabusé et cynique mais sans noirceur excessive. Son roman m'a enthousiasmé dès les premiers mots ("Je n'étais pas à ma place. Je déambulais dans l'enfilade des salles, une flûte d'un Champagne trop vert à la main") car on est immédiatement propulsé dans le moi intérieur d'un homme qui n’attend plus grand-chose de la vie mais espère inconsciemment être bousculé à tout moment pour une soirée, une semaine, quelques années... Pour l'instant c'est Alexandre qui se présente et qui va le "mettre à nu". Louis n’attendait que ça.
Très jolie lecture à la poésie sobre et mélancolique. Vers la fin, j’ai eu le sentiment que le roman patinait un
peu, traînait un peu en langueur. J’aurais aimé une conclusion avec un
rebondissement ou du moins quelque chose de plus punchy et un peu moins dans le non-dit. Mais il est vrai que ça n’aurait
pas été la même littérature.
Folio - page 69
Nous sommes dans l’une de ces cuisines asiatiques qui ont fleuri ces vingt dernières années dans les zones commerciales à l’extérieur des villes. Dehors, des parkings déserts. Des chariots qui frémissent sous les assauts du vent. Une obscurité glacée en ce début novembre. A l’intérieur, un couple de sexagénaires et leur minichien. L’épouse est très maquillée et picore l’assortiment de légumes au wok qu’elle a choisi au buffet. Le mari s’empiffre de toutes les spécialités frites qu’il a pu trouver. Plus loin, une famille ou ce qu’il en reste. Les quatre membres sont collés à leur téléphone portable respectifs. Les écrans se reflètent sur leurs visages. Ils ont à peine touché à leurs plats. Ils sont d’ores et déjà virtuels. Les hauts-parleurs crachotent une version japonisante des succès d’Edith Piaf.- C’est un drôle d’endroit.
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