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Les loyautés (Delphine de Vigan)

Les loyautés - Delphine de Vigan

Quadriptyque

Après deux romans plus ambitieux, Delphine de Vigan revient avec un format plus concis tout aussi bien écrit. Je l'ai déjà dit ici, ce qui m'épate chez elle, c'est son aptitude à transmettre justesse et émotion avec quelques mots secs et directs, habilement placés dans ses phrases.

Elle nous raconte ici une histoire à quatre voix autour de Théo, un collégien au plus mal entre ses deux parents divorcés qui ne perçoivent plus grand chose de lui alors qu'ils sont plongés dans leurs propres marasmes. Son meilleur pote, la mère de celui-ci et la prof de SVT assistent à sa noyade chacun de leur fenêtre, leur point de vue tronqué ne leur permettant pas d'apercevoir l'entièreté du tableau et encore moins d'intervenir pour l'aider.

Les loyautés, ces ficelles invisibles qui relient les êtres les uns aux autres, est un peu trop court. On le referme un peu à regret car on aimerait en savoir davantage de l'épilogue. En même temps, on est sait gré à l'auteure, cette sobriété littéraire autorisant tact et retenue et empêchant un pathos de mauvais goût.

Le Livre de Poche - page 19

Je l'observe malgré moi. Je sens bien que mon attention, sans cesse, revient à lui. Je m'oblige à regarder les autres , un par un, lorsque je parle et qu'ils écoutent, ou quand ils sont penchés sur leur contrôle de connaissances, le lundi matin. Lundi, justement, je l'ai vu entrer dans la classe, la mine encore plus pâle que d'habitude. Il avait l'air d'un gosse qui n'a pas fermé l'oeil du week-end. Ses gestes étaient les mêmes que ceux des autres - enlever son blouson, tirer la chaise, poser le sac Eastpak sur la table, faire glisser la fermeture éclair, sortir le cahier de cours -, je ne peux même pas dire qu'il m'a semblé plus lent que d'habitude, ni plus fébrile, et pourtant j'ai vu qu'il était à bout de force.

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