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Khalil (Yasmina Khadra)

Khalil - Yasmina Khadra

Vu d'ici

Paris, le 13 novembre 2015... Khalil sera un martyr dans quelques minutes quand il aura actionné sa ceinture d'explosifs dans le RER au moment où le Stade de France se videra. En tout cas, il est venu pour ça, il a déjà mentalement dit au revoir à sa sœur adorée, et serré dans ses bras son meilleur ami qui va aussi mourir.

Yasmina Khadra utilise l'angle de vue d'un jeune terroriste kamikaze pour s'efforcer de concevoir l'inconcevable. De sa plume précise, discrètement poétique, l'auteur algérien décrit le parcours d'un enfant de Molenbeek privé de repères stables et stimulants, ce qui le poussera dans les bras de prêcheurs de islam dévoyé. Pas de jugement, ni d'empathie, des faits plutôt objectifs qui racontent la radicalisation, l'explique sans la justifier. La vérité historique est bien sûr biaisée et romancée, le récit contient au moins deux ingrédients romanesques un peu gros, que je n'aurais pas relevés dans une pure fiction. La fin est trop optimiste à mon goût  mais l'ensemble est prenant, passionnant et percutant. C'est le moins qu'on puisse dire.

Pocket - page 11

Nous étions quatre kamikazes ; notre mission consistait à transformer la fête au Stade de France en un deuil planétaire.
Serrés dans la voiture qui nous transportait à vive allure sur l'autoroute, nous ne disions rien. Il y avait deux frères que je ne connaissais pas, un devant avec Ali le chauffeur, l'autre sur la banquette arrière à côté de Driss, et moi.
Le frère de devant avait glissé un CD dans le lecteur de bord et depuis, nous ne faisions qu'écouter cheikh Saad-el-Ghamidi déclamer les sourates, la voix aussi pénétrante qu'un envoûtement. Je n'ai jamais entendu quelqu'un réciter le Coran mieux que ce savant de l'islam. Ce n'étaient pas des cordes vocales qu'il avait, mais un arc-en-ciel chantant dans la gorge.

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