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My absolute darling (Gabriel Tallent)

Kit de survie

Je me souviens parfaitement de cette libraire qui conseillait si chaleureusement ce nouveau roman américain de la maison d'édition Gallmeister à la ligne éditoriale si alléchante (Dans la forêt m'a beaucoup marqué). J'ai patiemment attendu sa version poche pour me faire un avis sur un bouquin suffisamment particulier pour avoir suscité pas mal d'enthousiasme. Un emballement  à peine contrebalancé par quelques avis écoeurés par l'âpreté et la violence du sujet. A trop espérer, on peut être déçu. C'est mon cas, même s'il est facile de discerner les grandes qualités d'un habile premier roman.

Dans une Californie du nord à la nature foisonnante, Turtle est une adolescente bousillée par l'emprise abusive d'un père survivialiste qui soit-disant l'adore. Elle fait ce qu'elle peut pour elle-même survivre en milieu hostile. Elle surnage en fourbissant ses armes, y compris ses armes à feu qu'elle manie au quotidien. Une certaine Amérique si étrangère à nos yeux est ici mise en scène sans concession apparente et avec un réalisme saisissant.

Dans ces conditions, il est difficile de se détendre au milieu de ce patchwork d'incessants tourments et de scènes dramatiques qui participent d'une atmosphère tendue et malsaine. Mais davantage que le malaise permanent, intéressant en soi, c'est le style littéraire obscur et râpeux, à l'image de Turtle, qui m'a empêché de lire de façon fluide et donc de plonger pleinement dans l'histoire. L'empathie pour la jeune héroïne en a pâti.

My absolute darling ne brosse pas dans le sens du poil mais c'est ndéniablement un brillant roman qu'il fallait lire. Chose faite.

Gallmeister - page 278

Turtle se réveille, de l'eau perle sur ses cils, elle la fait tomber d'un battement de paupières, et s'assied dans le trou de sable froid. Son dos est douloureux, enflé et la rend nauséeuse. Ses mains sont collés à sa chemise. Le brouillard dévore tout. Elle entend les vagues pousser les galets et les attirer à nouveau vers le large, et elle distingue la ligne sombre de l'océan, rien d'autre. Il n'y a pas de soleil, rien qu'une lumière grise et diffuse, le sable noir est luisant, à l'exception de l'arrondi blanc des oursins plats. La rosée se condense sur l'inclinaison de la falaise au-dessus d'eux et goutte autour d'eux. Elle trempe ses cheveux.



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