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Les heures souterraines (Delphine de Vigan)


Blind date


Mathilde et Thibault vivent à Paris et ne se sont jamais rencontrés. Ils s'efforcent, au prix d'un effort grandissant, à respecter leurs obligations respectives alors qu'ils ont le sentiment que la vie les enfoncent chaque jour un peu plus dans le marasme. Mathilde, cadre dans une grande entreprise, est victime de harcèlement moral par son supérieur tandis que Thibault, médecin au bout du rouleau et amoureux malheureux, se déplace chez ses patients eux-mêmes mal-en-point. Seuls et désemparés, et pourtant arbitrairement réunis par l'auteure, on les imagine avoir besoin l'un de l'autre pour se reconstruire. Vont-ils se croiser dans cette ville où chacun s'avère être si facilement transparent pour l'autre et où, plus qu'ailleurs, l'organisation de la société écrase l'individu au nom de l'efficacité et du pragmatisme ?

Ce roman m'a immédiatement rappelé Une bonne raison de se tuer de Philippe Besson, encore plus noir et lourd que Les heures souterraines. Il s'agit du quatrième roman de Delphine de Vigan que je lis et je retrouve son écriture caractéristique avec un plaisir renouvelé. Avec une économie de mots bien choisis, sans effets de style, elle parvient à poser une situation et exprimer impressions et sentiments avec exactitude et émotion. L'histoire n'est pas joyeuse, le constat est démoralisant mais l'ensemble a la beauté du mot juste.

Le Livre de Poche - page 129

Il n'a pas détaché sa ceinture. Derrière son pare-brise, il regarde la ville. Ce ballet incessant aux couleurs de printemps. Un sac en plastique vide qui danse dans le caniveau. Un homme courbé à l'entrée de la Poste que personne ne semble voir. Des poubelles vertes renversées sur le trottoir. Des hommes et des femmes qui entrent dans une banque, se croisent sur un passage piéton.
Il regarde la ville, cette superposition de mouvements. Ce territoire infini d'intersections, où l'on se se rencontre pas.


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