Sur mesure
Après Les délices de Tokyo, il y a déjà presque deux ans, je me suis laissé tenter par une nouvelle douceur nippone sur un thème identique : la cuisine. En parcourant ces deux romans, on se rend compte de l'importance de la gastronomie au Japon. Nulle part ailleurs elle semble davantage pratiquée avec plus de sérieux, de concentration et de religiosité. On se met au fourneau comme on s'abîme en prière, pour rendre heureux ses invités et se donner à soi-même tout autant de bonheur.
En tout cas, c'est le cas de Rinco, tellement choquée par le départ de son petit ami qu'elle en perd la voix et rentre dans son village natal pour ouvrir le restaurant de ses rêves. Chaque soir, grâce à l'aide de son ami Kuma, elle dresse une seule table et prépare le repas de ses convives du jour de manière personnalisée comme le ferait un artisan. Un véritable travail d'orfèvre qu'on découvre avec enchantement tant elle met du coeur à l'ouvrage, d'autant plus que son utilisation de nombreux ingrédients inconnus rend les mets exotiques et appétissants.
Cette littérature japonaise résonne en moi par son intériorité et sa grande élégance. Il y a en elle une forme de retenue inspirée par le sacré. Le respect de chaque être et de chaque chose comme faisant partie d'un grand tout m'a sauté aux yeux à la lecture du roman de Ito Ogawa qui illustre la manière de penser des Japonais influencés par leur culture shintô. On a la sensation de capter un peu de l'âme de ce peuple en parcourant les pages de cette jolie histoire.
Une scène de la fin est particulièrement marquante : Rinco donnant une grande preuve d'amour à son animal domestique, un cochon. En tout cas si on décide de le voir comme ça. ;)
Picquier poche - page 165
- Un repas comme ça, c'est réconfortant, a murmuré d'un air songeur l'épouse du cultivateur de navets rouges en mordant dans un énorme onigiri.
J'étais du même avis. Et puis, j'ai réalisé quelque chose.
Cela faisait une éternité que je n'avais pas mangé un repas préparé par quelqu'un d'autre.
Le riz était un peu trop cuit à mon goût, mais cela ne m'a pas empêché d'avaler autant d'onigiri que je pouvais. L'énergie jaillissait en moi, du fond de mon estomac. C'était parce que la mère de Kuma les avait préparés avec soin, en pensant en nous. J'avais l'impression de manger non pas des grains de riz, mais l'amour d'une mère.
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