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06H41 (Jean-Philippe Blondel)


Lundi matin dans le train


Je ne connaissais pas Jean-Philippe Blondel avant de lire 06h41, dont le titre m'a plu d'emblée. Une intrigue intime qui se déroule dans un train tôt le matin n'est-elle pas a priori digne d'intérêt ? Un homme et une femme ayant entretenu une courte, malheureuse et presque anecdotique relation il y a 27 ans, se retrouvent par hasard assis l'un en face de l'autre dans le train Troyes-Paris de 06h41 en ce lundi compliqué pour tous les deux. Les souvenirs affluent violemment, ils font semblant de ne pas se reconnaître.
Je relirai cet auteur car j'ai retrouvé dans ce roman les ingrédients qui, je pense, me plaisent le plus dans la littérature : des personnages à la psychologie fouillée, non cliché et qui sonnent juste. Il y a du désenchantement dans leur histoire mais contrairement à du Olivier Adam (que j'aime pourtant énormément lire), elle est suffisamment courte pour ne pas en devenir pesante. Ca se lit comme un roman de gare mais avec de la profondeur en plus.
Pour en revenir à nos deux anciens amants, leur vie respective n'a pas pris le tournant que leur jeunesse pouvait laisser présager. Cette rencontre fortuite est l'occasion pour eux, alors qu'ils ne savent pas comment aborder l'autre, de faire le point sur eux, qui ils étaient à l'époque, ce qu'ils sont maintenant, ce que l'autre semble être devenu. Ici, pas d'échanges percutants entre vieilles connaissances pleines d'amertume, mais des souvenirs et de l'introspection. L'auteur parvient à illustrer tout ça par de brillants flashbacks et quelques dialogues aussi rares qu'émouvants.

Pocket - page 41

Le lendemain, devant la glace de la salle de bain, je retenais mes sentiments. Je me répétais que j'avais eu beaucoup de chance. Qu'il ne fallait pas que j'espère. Qu'il ne téléphonerait pas. Qu'il fallait mieux que j'oublie. C'était toujours ma ligne de conduite lorsqu'il m'a emboîté le pas, le vendredi suivant, à la sortie de l'IUT. Il voulait parler. S'excuser. De ce qui était arrivé la semaine précédente. j'ai haussé la tête. j'ai dit : "Pas de souci. J'en avais envie. Et de toute façon, je n'y pense plus." Il était estomaqué. Personne ne le traitait comme ça, Philippe Leduc. Il est revenu à la charge. Je l'avais ferré. Ce n'était pas calculé de ma part. Cela n'aurait jamais marché.

Commentaires

  1. Blondel est un auteur que j'apprécie beaucoup, mais celui-ci m'a moins marquée. J'aime particulièrement ses titres pour la jeunesse, Brise glace par exemple, un peu écrit à la manière d'un slam.

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  2. Bonjour Tiphanie, celui-ci m'a donné envie de persévérer avec cet auteur. Je regarderai Brise glace pour voir s'il m'inspire ;-) Merci de ta visite !

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