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Articles

Affichage des articles du juillet, 2018

Un été (Vincent Almendros)

Love boat C’est le plan des vacances. Pierre débarque avec sa petite amie à Naples pour passer des vacances sur le voilier de son frère Jean. Est-ce que ces quelques jours le long des côtes italiennes sont une bonne idée ? Il n’en est pas sûr ... le confort est spartiate, les deux frangins n’ont jamais été très intimes et surtout, Jeanne, la compagne de Jean, fait aussi partie du voyage. Vincent Almendros a indéniablement su installer le climat adéquat pour un huis clos psychologique, version minimaliste et subliminale. Par des phrases courtes sans ornements et des dialogues frugaux et justes, ce roman possède un pouvoir d’évocation qui a fonctionné sur moi. La visualisation des quatre protagonistes à bord de l’exigu voilier m’a été facile. Du point de vue du narrateur, il y règne surtout moiteur, inconfort, gêne et promiscuité. Le lecteur perçoit aussi les gestes simples, les regards bienveillants, les attentions particulières, la fraicheur d’une baignade, l’érotisme conten

Frappe-toi le coeur (Amélie Nothomb)

Coeur gros Que dire du vingt-sixième roman d'Amélie Nothomb ? La même chose que d'habitude en fait. Plutôt assez sobre dans la forme cette fois-ci, il est fluide et se lit évidemment comme on boit un Champagne rosé frais et finement pétillant. Comme d'habitude aussi, on rêverait d'une intrigue davantage développée autour de la bonne idée de départ largement sous-exploitée. Mais au bout du compte, le mieux n'est-il pas de se faire une raison et d'accepter la signature Amélie Nothomb telle qu'elle est ? Sans cette empreinte caractéristique, sans son apparente désinvolture, peut-être s'arracherait-on moins l'édition annuelle de notre écrivaine belge gentiment barrée. Le cru 2017 n'est d'ailleurs pas son plus mauvais. Il aborde, avec le sens de la formule, des thèmes comme l'envie, l'apparence, la parentalité, l'ambition, l'admiration ...  en nous racontant Diane, jeune enfant puis jeune femme qui tente de se construir

06H41 (Jean-Philippe Blondel)

Lundi matin dans le train Je ne connaissais pas Jean-Philippe Blondel avant de lire 06h41, dont le titre m'a plu d'emblée. Une intrigue intime qui se déroule dans un train tôt le matin n'est-elle pas a priori digne d'intérêt ? Un homme et une femme ayant entretenu une courte, malheureuse et presque anecdotique relation il y a 27 ans, se retrouvent par hasard assis l'un en face de l'autre dans le train Troyes-Paris de 06h41 en ce lundi compliqué pour tous les deux. Les souvenirs affluent violemment, ils font semblant de ne pas se reconnaître. Je relirai cet auteur car j'ai retrouvé dans ce roman les ingrédients qui, je pense, me plaisent le plus dans la littérature : des personnages à la psychologie fouillée, non cliché et qui sonnent juste. Il y a du désenchantement dans leur histoire mais contrairement à du Olivier Adam (que j'aime pourtant énormément lire), elle est suffisamment courte pour ne pas en devenir pesante. Ca se lit comme un roman

La tresse (Laetitia Colombani)

De mèche En voilà un joli livre. Le premier roman de Laetitia Colombani, avec ses thèmes qui sont loin d'être anodins, dégage paradoxalement un charme gracile qui va droit au coeur. Pour commencer, l'idée de départ est parfaite : réunir trois histoires, trois femmes, trois lieux différents du large monde. Smirta, Giulia et Sarah n'ont a priori aucun rapport entre elles sauf à tisser leur destin chacune de leur côté, ce qui formera à terme, on le devine, une tresse unique à partir de leur propre mèche. Le propos est largement féminin et féministe. Des trois histoires, la plus marquante est bien sûr la jeune femme indienne née dans la caste des Intouchables. Pour elle, davantage que pour les autres, il ne s'agit même pas encore de féminisme, mais bien d'émancipation, de résilience et de courage face aux traditions ancestrales érigées en vérité. Pour les autres, il s'agit de lutter contre le machisme, la maladie ou contre soi-même. Ce n'est pas non pl