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Les gens heureux lisent et boivent du café - Agnès Martin-Lugand


Les gens heureux devraient arrêter de fumer


Je vais finalement assez peu chercher l'avis des internautes concernant les livres que je commente ici. Pourtant, je sens intuitivement que nombre de lecteurs, même s'ils sont minoritaires, ont fait le même constat que moi : le titre extrêmement séduisant et accrocheur de ce roman (sûrement le coup de génie d'un éditeur) est trompeur. Les gens heureux lisent et boivent du café se trouve être le nom du café littéraire que possède le personnage principal qui n'y met quasiment pas les pieds du roman. Il n'a donc pas de rapport évident avec l'histoire, sauf peut-être celui de vouloir illustrer l'idée d'un message pour l'héroïne qui s'enfuit en Irlande dans l'espoir d'y surmonter la disparition de sa fille et de son mari. En gros, pour son salut, il faudrait qu'elle tente de se retrouver et de tendre à la paix intérieure qu'engendre la lecture confortable d'un bon bouquin avec un mug fumant à la main. Du coup, on s'attend à ce que le récit déroule une belle histoire de redécouverte progressive d'une forme de sérénité et de bonheur. Mais au lieu de nous en faire la démonstration à la manière d'une Delphine de Vigan, avec subtilité et profondeur, l'auteure nous fait prendre des vessies pour des lanternes en racontant une banale romance faussement dramatique avec un butor irlandais. Il ne suffit pas de déprimer sur la plage en fumant deux paquets par jour pour sonner juste. Il faut aussi éviter le scénario surchargé de personnages caricaturaux et de situations clichés.

En fait, je n'ai absolument rien contre ce genre de livre - j'en ai lu d'autres et j' ai pu en apprécier certains - mais ça serait bien d'être simplement prévenu avant d'en commencer la lecture. J'espérais davantage d'émotion et de nourriture de l'esprit en dégustant mon sourdough et en buvant mon café américain au litre.

Pocket - page 29


Mon pas ralentit à l'approche des Gens. Plus d'un an que je n'y avais pas mis les pieds. Je m'arrêtai sur le trottoir d'en face sans y jeter un coup d'œil. Immobile, la tête basse, je plongeai la main dans une de mes poches, il me fallait de la nicotine. On me bouscula, et mon visage se tourna involontairement vers mon café littéraire. Cette petite vitrine en bois, la porte au centre avec sa clochette à l'intérieur, ce nom que j'avais choisi, il y avait cinq ans, Les gens heureux lisent et boivent du café, tout me ramenait vers ma vie avec Colin et Clara.


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