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Les lisières (Olivier Adam)


"Nos vies périphériques, nos combats ordinaires ..."


Cela fait quelques années maintenant qu'Olivier Adam balise mes lectures de loin en loin. Rien de tel qu'un de ses romans lorsque l'envie me prend de plonger dans une écriture désenchantée et cafardeuse qui flatte ma nature mélancolique. Cette partie de moi que je ne peux pas nier est à nouveau bien servie avec Les lisières.

Paul, écrivain torturé et largement à côté de ses pompes, se débat le mieux qu'il peut alors que ses angoisses, davantage au repos ces dernières années, refont surface suite au départ de sa femme, à la séparation d'avec ses enfants et au brusque coup de vieux de ses parents, qu'il regardait jusque là vivre de loin tant le souvenir de son enfance est inconfortable. Réfugié en Bretagne où la mer le "lave", il est obligé de faire un retour en arrière sur son passé dans sa ville natale (et dortoir) située aux lisières de Paris. Il n'en faut pas plus pour y trouver une métaphore sur sa vie, qu'il vit perpétuellement à la périphérie comme s'il n'était jamais vraiment dedans. Olivier Adam fait de Paul le narrateur de son roman et rend ainsi possible l'empathie du lecteur à son encontre malgré l'antipathie suscitée chez les autres du fait d'un comportement jugé égoïste.

Par rapport au roman précédent Les vents contraires, aux larges points communs avec celui-ci, apparaît un nouvel aspect surprenant : le positionnement politique très à gauche de l'écrivain à travers les emportements de son héros. C'est intéressant mais jusqu'à un certain point, je dirais, car il est rabâché tout le roman avec un pessimisme assez remarquable. Chez Adam, la France est systématiquement et violemment scindée en deux camps irréconciliables : Paris/banlieue, riches/pauvres, intellos/manuels et surtout droite/gauche à un point tel qu'on se demande comment on arrive encore à vivre ensemble. Bah justement en vivant simplement les uns à côté des autres sans se comprendre, comme si on ne pouvait pas, sur certains points en tout cas, se rejoindre et ne pas ressentir un mépris réciproque.

Malgré le marasme psychologique de chaque page, l'écrivain parvient à me scotcher à ses lignes et les notes positives et d'espoir qui pointent ici et là, même si elles sont faiblardes, rendent à mes yeux la trajectoire de Paul belle et touchante.
   

J'ai Lu - pages 235 et 236

- Ah toi aussi tu t'y es mis ?
- A quoi ?
- A voir des bobos partout. Qu'est-ce que tu leur reproches exactement, aux bobos ? De manger des sushis ? De voter à gauche ? D'être écolos ? D'avoir assez de fric pour se payer un voyage par an ? De lire Télérama  ? De trier leur déchets ? D'aller voir des films en VO ? De s'en battre les couilles de l'identité française ? De ne pas avoir peur des Noirs et des Arabes ? C'est quoi le problème ?






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