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La vie secrète des arbres - Peter Wohlleben


Rois des forêts


Je déteste l'idée de ne mettre que #2 Sorel à ce livre qui en vaut objectivement bien plus tant l'approche inédite de l'auteur, forestier allemand bien renseigné, est enrichissante. L'angle, ici, n'est pas anthropocentré. L'auteur rappelle même que l'Homme a grandement tendance à compliquer la vie des arbres et propose une vision qui rend justice au monde végétal face au règne animal, qu'on a tendance à considérer supérieur de par l'existence (souvent) d'un cerveau et d'une capacité (générale) au déplacement rapide. La grande idée du livre est d'expliquer en quoi les arbres sont des êtres développés et complexes malgré leur croissance lente et leur interaction limitée avec nous. L'interaction avec leur environnement le plus immédiat (congénères, champignons et insectes en tête) est en revanche considérable et parfois assez surprenante à lire, puisque tout homo sapiens non-initié est loin de se douter, en ouvrant un tel essai de vulgarisation, de ce qui se passe autour de lui lorsqu'il se promène en forêt. Et bien sûr, la science est encore loin du compte. Elle a du pain sur la planche pour espérer un jour connaître tous les secrets de nos amis champions de la photosynthèse.

Si mon avis est somme toute assez mitigé c'est parce que j'ai toujours noté les livres lus, non pas pour la valeur intrinsèque que j'aurais cru déceler chez eux mais pour le plaisir ressenti au moment de leur lecture. Après deux premiers chapitres poétiques et bucoliques, La vie secrète des arbres fait étalage d'une grande quantité d'informations intéressantes en soi mais qui, au bout d'un moment, submerge le lecteur, le lasse et le perd. Au point de lui faire sauter des paragraphes entiers, les plus techniques, pour tenter d'intercepter à la volée une information un peu plus récréative qu'il pourrait éventuellement replacer le lendemain matin à la machine à café.

Il y en a heureusement quelques unes. J'ai particulièrement aimé le passage (voir paragraphe joint) qui propose une explication séduisante au sentiment de bien-être que je ressens sous le couvert d'une forêt de feuillus, plus flagrant en tout cas qu'au milieu de n'importe quel paysage extérieur à ciel ouvert, aussi à couper le souffle soit-il. J'ai toujours mis cela sur le compte de l'ombre protectrice et rafraichissante du sous-bois, mais peut-être y a-t-il en moi quelque chose qui subsiste de l'homme préhistorique. 😊
     

Les Arènes - page 232


Les arbres déclenchent alors leur système de défense chimique pour appeler à l'aide, et quantité de messages olfactifs circulent et se télescopent parmi les houppiers. Nous en aspirons une petite partie à chaque bouffée d'air forestier qui pénètre dans nos poumons. Serait-il possible que nous enregistrions inconsciemment l'état d'alerte des arbres ? Les forêts en danger sont des milieux instables peu propices à être colonisés par l'homme. Lorsque l'on sait que nos ancêtres de l'âge de pierre étaient constamment en quête d'un gîte idéal, il n'est pas absurde d'imaginer que nous soyons capables de percevoir intuitivement l'état de notre environnement et décidions du choix de nos lieux de vie en fonction de ce que nous enregistrons. Du reste, selon certaines observations scientifiques, notre pression artérielle augmenterait dans les forêts de conifères et baisserait dans les forêts de chênes. Faites le test et jugez par vous-même dans quel type de forêts vous vous sentez le mieux.


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