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On ne voyait que le bonheur - Grégoire Delacourt



Et combien coûte-t-il ?


Le roman commençait plutôt mal. Je décrochais dès les premières pages et ai été à deux doigts de le refermer, de le ranger dans ma bibliothèque. Pourquoi ? L'écrivain était en train de me faire le coup du héros en plein marasme psychologique à cause d'une vie de famille au bord du naufrage et d'un travail incapable de le combler et de donner un sens à sa vie. Après une enfance jalonnée de malheurs (deuil d'une soeur, abandon d'une mère et démission tacite d'un père), il découvre avec délectation l'amour fou. Un mariage et deux enfants plus tard, tout fout le camp à nouveau. Habituellement, c'est le type de scénario qui ne me fait aucunement peur, surtout s'il sonne juste, peu importe qu'il soit déprimant. Mais cette fois-ci, j'ai ressenti la désagréable sensation de lire l'histoire de ce gars pour la millième fois. L'idée de l'auteur de chiffrer tout et rien, le coût de chaque être humain, celui peut-être du bonheur ou du malheur, je ne sais pas, grâce au titre des chapitres aurait pu être une idée sympathique si elle ne ressemblait pas autant à un artifice littéraire.

Comme ce n'est pas mon style et qu'en plus Monsieur Delacourt s'est fendu d'une sympathique dédicace au dernier salon du livre, j'ai persisté et bien m'en a pris puisque, la première partie passée (il y en a trois), l'histoire décolle enfin. Notre héros arrive au bout du bout et finit pas péter les plombs. Et pas qu'un peu, je dirais. Une forme de burn-out un peu extrême. C'est malheureux pour lui mais plutôt bienvenu pour le lecteur qui découvre ainsi une suite plus originale, excitante et touchante. La troisième et dernière partie, un autre point de vue sur le drame, m'a particulièrement absorbé et j'ai terminé la lecture avec la larme à l'oeil. Pas si mal.
  

Le Livre de Poche - page 219


Il ne reste de ceux qui nous manquent que le manque justement que nous avons d'eux. Dans ma mémoire, les visages de Joséphine et Léon se brouillaient, comme s'était dilué celui d'Anne. Seules demeuraient des images, parfois menteuses, créées par ma terreur à l'idée d'être tout à fait seul, sans souvenirs. Un rire qui n'existait pas, par exemple, et que j'entends encore, dans un jardin. La couleur rouge d'un petit manteau bleu. Un éclat de lumière dans la blondeur, un jour sans soleil. La couleur des yeux d'un père. Ces petites touches impressionnistes qui font l'album de nos peines.


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