Identité trouble
Ça pourrait être le titre de tous les thrillers du monde. Échapper à l'odieux gredin n'est-il pas en effet l'essence même de ce type de romans ? Sauver sa peau n'est pas très éloigné des histoires imaginées par Mary Higgins Clark, une auteure que j'ai beaucoup lue à une époque lointaine. Sauf que Lisa Gardner met davantage l'accent sur l'intrigue policière au détriment de la peinture glamour d'une héroïne gâtée par la vie mais soudainement frappée par le malheur, la marque de fabrique de sa consoeur.
Au début de l'intrigue, le sort d'Annabelle n'est pas en effet très enviable. C'est celui d'une jeune femme qui vit coupée des autres, la faute à ses parents qui l'ont ballottée de ville en ville depuis toujours en lui laissant supporter à chaque fois le fardeau d'un changement d'identité. Maintenant qu'ils sont décédés, elle est revenue sur les lieux de ses premiers souvenirs. Non loin de là, un charnier contenant le corps de six petites filles vient d'être mis à jour. Certains indices laissent penser que c'est à ce tueur en série que sa famille tentait d'échapper. Conditionnée, Annabelle fuit toujours sans savoir pourquoi ...
Même si j'ai un peu de mal à me passionner réellement pour ce type d'intrigue, il faut bien avouer que la lecture de celle-ci est plutôt prenante, particulièrement lorsque l'héroïne devient la narratrice. On vit alors de l'intérieur le désarroi d'une jeune femme préparée au danger mais très fragile psychologiquement. Lisa Gardner possède, à mon sens, un certain don pour l'écriture simple et directe. Pas exceptionnel, son style sonne juste. La psychologie l'emporte sur le sensationnel ou l'horreur et le suspense n'en pâtit pas. Tant mieux. L'épilogue est un peu mièvre. Tant pis.
Le Livre de Poche - pages 431 et 432
Cela me rendit un peu folle. Qu'il puisse sembler tellement réel, tellement fort, alors que j'avais l'impression que ma vie se désagrégeait, réduite en menus morceaux emportés comme des confettis. Et j'ai été heureuse en cet instant que nous nous trouvions dans une voiture au bord d'une grande route passante, parce que si nous avions été dans mon appartement, je l'aurais déshabillé. J'aurais enlevé chacun de ses vêtements, un à un, juste pour pouvoir toucher sa peau, faire courir ma langue sur les sillons de son ventre, goûter le sel de mes larmes sur son torse, parce que j'avais tellement besoin d'aller plus vite que mes pensées, de ressentir l'intensité d'un moment éperdu, de me sentir vivante.
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