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Murmurer à l'oreille des femmes - Douglas Kennedy


Le couple et ses désillusions


Quel titre racoleur ! Un titre est, je suppose, moins essentiel pour un recueil de nouvelles que pour un roman. Pour autant, celui de la version originale (Do you know what your problem is and other stories) a le mérite d'être beaucoup plus parlant, et surtout moins trompeur, puisqu'il cite l'une des histoires que Douglas Kennedy livre ici. Celle-ci est à l'image de la quasi totalité de la douzaine de nouvelles de cette compilation, résultat de la réunion de textes inédits ou parus dans la presse. L'auteur américain francophile nous raconte de petites histoires assez typiques de son obsession à propos du couple et sa prison. Chacune d'elles est une variation de ce répertoire. Le protagoniste principal, souvent un homme, se met en ménage empli d'espoir d'une félicité éternelle et se retrouve vite fait bien fait coincé dans une vie quotidienne asservissante où l'être aimé devient l'ennemi numéro 1.

Je ne suis pas fan du genre des nouvelles car même si c'est indiscutablement distrayant, elles se lisent trop vite à mon goût et une fois une histoire commencée, on a déjà un peu oublié la précédente. Et Murmurer à l'oreille des femmes ne fait pas exception. Fort heureusement, c'est toujours bien écrit et les récits sont vivants et regorgent de réflexions désabusées, pleines de justesse et d'esprit. Deux nouvelles m'ont particulièrement interpelé : Couche tard dans la même veine que les autres mais qui vire au thriller halluciné et celle qui clôture le bouquin (au nom oublié), bourrée d'humour.

Mirage, le roman de Douglas Kennedy qui vient tout juste de sortir chez Belfond, vient de m'être offert. Il me murmure déjà à l'oreille ...
 

Pocket - page 99


"Tu t'es lancé à la poursuite de ta dernière chance, c'est ça ?" Voilà ce que m'a dit ma femme ce matin à l'aube. La garce. Surtout, ne vous mariez jamais avec quelqu'un qui est encore plus déçu par la vie que vous : la dépendance mutuelle augmentera à la vitesse grand V, et vous vous réveillerez un matin. au côté d'un être qui se sera complètement enfoncé dans sa négativité toxique. En particulier ma femme, parce qu'elle considère que si elle vit dans un coin paumé, élève deux enfants et se voit obligée de rapporter au foyer un modeste mais indispensable second salaire en assurant vingt heures par semaine à la bibliothèque de la petite université du Maine où vous enseignez, c'est uniquement à cause de vous.

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