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Lunes de fiel - Pascal Bruckner


Naufrage amoureux


Didier et Béatrice, deux jeunes amoureux avides de vivre une expérience enivrante en Asie, embarquent sur un paquebot à Marseille. Dès le premier jour, ils font la connaissance de Franz et Rebecca, un couple provocant, sulfureux et manipulateur. Franz racontera à Didier avec force détails l'histoire de leur amour pas comme les autres. Ce ne sera pas sans répercussion sur la relation de ce dernier avec Béatrice ...

Je peux dire, sans me tromper, que mon avis est partagé concernant ce roman de Pascal Bruckner. Indéniablement très bel objet de littérature, à l'écriture remarquable et à l'intrigue puissante et habilement malsaine, Lunes de fiel possède un grand pouvoir de suggestion. Les rouages psychologiques et érotiques du couple sont largement exprimés et expliqués. L'auteur retrace le cheminement d'un couple borderline en mal de sensations fortes dont les relations tournent à l'aigre, jusqu'au pire des harcèlements. Leurs troublants ébats et leurs rapports de force pervers sont saisissants et dérangeants. Le passage le plus sexuellement trash (dont tout le monde se souvient s'il a lu le livre) est à ce titre assez particulier.

C'est ce qui peut rendre le livre délicat à lire car les aveux de Franz se font sous la forme d'un interminable monologue dans lequel il n'épargne aucun détail au lecteur en le prenant à partie, comme pour justifier les actions déconcertantes dont il est l'auteur. Il est vite clair qu'il a l'intention d'entraîner Didier sur une mauvaise pente, en lui soufflant notamment le chaud et le froid. Conclusion : un malaise m'a étreint une bonne partie du roman, m'empêchant, à mon avis, d'apprécier cette histoire à sa juste valeur.
 

Points - page 136

Rebecca et moi formions ce duo hétérosexuel standard que vous voyez partout dans les parcs, les cafés, les dancings, les yeux humides, les mains sèches, le derrière savonné, le sexe toujours prêt à prouver  son attachement, n'aimant pas à s'encombrer d'enfants ou de vieillards ; bref, la parfaite coquille close. Je contemplais mon acariâtre moitié qui me proposait à chaque heure du jour et de la nuit d'échanger mon souci exclusif de moi-même contre un égoïsme à deux où nous ferions bloc contre tous ! Ah ! le bel idéal blindé, la splendide incarcération dans le coffre-fort matrimonial ! Les événements de la vie publique, les grands drames qui secouaient le monde ne nous atteignaient plus que ouatés à travers notre cocon et donc ne nous atteignaient pas. 

Commentaires

  1. Alors honnêtement c'est précisément tout ce que je fuis en littérature, les histoires malsaines de couples en mal de sensations, très peu pour moi. D'après ce que tu en dis, il y aurait même quelque chose de Valmont et Merteuil chez Rebecca et Franz...pas tentée du tout, et je n'aime pas du tout non plus le ton de l'extrait que tu as mis.
    Il faut dire qu'entre Bruckner et moi, c'est mort, je n'ai rien aimé de ce que j'ai lu de lui ;-)
    Belle journée

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  2. Valmont et Merteuil ... le rapprochement est pas mal vu et fait bien trop d'honneur à Rebecca et Franz. Je répète, c'est superbementbien écrit mais qu'est ce que ça mis mal à l'aise. A bientôt.

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