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La maison du bout du monde - Michael Cunningham


Deux garçons, une fille, trois possibilités


'La maison du bout du monde' est un roman, aux thèmes multiples et pas toujours aisément saisissables, qui raconte le destin de trois jeunes gens issus de la génération post-Woodstock à la recherche d'un sens à leur vie, d'une famille qu'ils auraient choisie entre tradition et marginalité, d'un modèle qui les rendent heureux tout simplement ... Bobby et Jonathan se rencontrent au collège, et sous le regard bienveillant d'Alice, la maman de Jonathan, ils deviennent meilleurs amis et même presque frères lorsque la famille de Bobby disparaît petit à petit. Ils vont aussi s'aimer, à leur manière, puis une fois à New-York, ils vont aimer Clare qui va les aimer en retour.
L'écriture brillante, imagée et pleine d'esprit précipite le lecteur dans la tête de chacun des quatre principaux protagonistes. En effet, l'une des bonnes idées du roman est la rédaction de chaque chapitre d'un point de vue changeant. L'histoire évolue au fur à mesure des réflexions de Bobby, Jonathan, Clare et Alice, à ceci près que l'on peut perdre à tout moment le fil de qui pense quoi tant le style est globalement homogène.

Toute en appréciant la forme, je ne me suis pas pour autant totalement laissé embarqué par cette chronique soit-disant générationnelle et, il paraît, culte. C'est beau et désenchanté et rien pour cela, le roman a toute ma considération, mais le scénario pêche par son manque de sel et par le flou artistique de tous ses sentiments ébauchés. Les personnages aux tempéraments bien dépeints sont mal dans leur peau, assez égoïstes et pas toujours honnêtes, alors que tout le monde est sensé s'aimer d'un amour fou. Seul l'un d'eux, celui qui a pourtant le plus souffert, est le plus fidèle, le plus attentif, le plus aimant ...

Editions 10/18 - page 185

Bien que gardant mes distances avec Bobby, je n'étais pas insensible à son charme un peu rugueux de poulain maladroit. Il avait de grandes mains carrées et un visage aussi expressif qu'un caillou. Si ce n'avait été ses yeux, son innocence aurait été trop lunaire pour vous attendrir. Mais il avait un regard qui vous transperçait. Imaginez une confortable petite maison de banlieue, avec un nain de plâtre dans la pelouse et des pétunias en pot à la fenêtre. Puis imaginez quelqu'un de vieux et d'affreusement triste à la fenêtre du haut. C'était le visage de Bobby. C'était ce qui se dégageait de lui.

Editions 10/18 - page 358

Pendant un instant, il ressembla tellement à son père que je m'arrêtai et le regardai, le sang battant à mes tempes. Toutes les mères ont sûrement connu ce genre d'expérience, lorsque leurs enfants adultes - qui semblent avoir acquis irrémédiablement leur propre personnalité - dévoilent soudain un trait de caractère de leur père, si net et si exact qu'ils pourraient incarner le disparu, avec la même petite toux qui avait ponctué les quarante-trois années de vie passées. Ce que je reconnus chez Jonathan  cet instant fut la nature aimable, facile de Ned ; son désir d'être gentiment enthousiaste et de faciliter le déroulement des choses. Si j'avais été d'une espèce différente, plus courageuse, je l'aurais pris par les épaules en lui disant : "Sois plus tenace dans tes désirs. Plus difficile et exigeant. Sinon tu ne mèneras jamais la vie qui te convient." 

Commentaires

  1. Bravo cher Marco. Belle et longue vie à ce nouveau blog. Je répondrai à ton mail dans la journée.

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  2. Merci Alain, au plaisir de nos rencontres sur nos blogs réciproques !

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