Duel "pétillant"
C'est devenu de l'ordre du quasi-rituel : je lis le dernier Amélie
Nothomb en date dès qu'il me tombe sous la main. Il est vrai que c'est
facile de se le permettre tant sa lecture en est
rapide. Les premiers romans de l'écrivaine belge
étaient passionnants ('Stupeur et tremblements' et 'Biographie de la
faim' me viennent à l'esprit) mais une
véritable déception s'installait petit à petit ces dernières
années. Tuer le père,
l'avant-dernier, avait, à ce jeu-là, gagné le pompon. Ses bouquins
sont en effet de plus en plus courts et de moins en moins aboutis ; même
sa plume est moins fantaisiste et spirituelle
qu'auparavant. Résultat : 'Barbe bleue' m'a pris par surprise et
j'ai passé un plutôt joli moment à le parcourir. C'est l'histoire de
Saturnine, une jeune femme qui accepte une colocation
avec un monsieur bien étrange dans un hôtel particulier parisien. Le
logement et le couvert sont luxueux, le prix est modique, la compagnie
cultivée. Le hic, car il y a forcément un hic, est
que les huit précédentes colocataires femmes ont toutes disparu de
la circulation. Le propriétaire des lieux s'en serait-il débarrassé ?
Comme 'Péplum' à son époque, le charme de 'Barbe bleue' vient de la
place importante des dialogues dans le récit de cette historiette aux
allures de conte des temps modernes, un conte
d'ogres bien sûr. Une coupe de Champagne à la main, Saturnine et Don
Elmirio s'affrontent dans une joute verbale agréable, vivante et
piquante, entre rapports de force et séduction
sur fond de réflexions philosophiques sur le sens de l'amour, de la
vie, etc ... Typique du trombinoscope d'Amélie Nothomb, Don Elmirio est
un personnage étrange, idéaliste et
esthète, tandis que sa colocataire est très concrète. Saturnine a
les pieds sur terre et prend son hôte à contrepied, d'où le charme des
échanges.
La fin, mignonne et poétique, est trop vite arrivée et abrupte. Un goût de trop peu, malgré ses qualité.
Editions Albin Michel
Tomber amoureux est le phénomène le plus mystérieux de l’univers. Ceux qui aiment au premier regard vivent la version la moins inexplicable du miracle : s’ils n’aimaient pas auparavant, c’était parce qu’ils ignoraient l’existence de l’autre.
Le coup de foudre à retardement est le plus gigantesque défi à la raison.
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