"Découvertes Gallimard" est une collection encyclopédique illustrée
en format poche que j'affectionne beaucoup. J'en ai lu plusieurs sur
différents sujets et depuis ma visite à la galerie de
l'évolution du muséum national d'histoire naturelle (dans le jardin
des Plantes de Paris), je voulais lire celui consacré à Darwin,
l'illustre théoricien de la sélection naturelle. C'est chose
faite cet été sur la plage entre deux romans.
Charles Darwin (1809-1882) est le naturaliste britannique qui édifia
sa théorie de l'évolution par simple observation de la nature. Il
l'étudia énormément chez lui en Angleterre
et lors d'un voyage de 5 ans autour du monde pendant sa jeunesse. Il
donnera officiellement jour à sa théorie de la sélection naturelle en
1859 au moment de la
première édition de son livre 'L'origine des espèces'. Ce ne sera
évidemment qu'au 20ème siècle avec l'avènement de la biologie
moléculaire et de la génétique, ainsi qu'avec les
progrès de la paléontologie, que la science confirmera la
modification progressive des espèces au fil du temps.
Contrairement aux positions des créationnistes religieux, Darwin
considérait que les espèces animales et végétales n'étaient pas fixes.
Elles se transforment lentement pour s'adapter à
leur milieu en répondant à leurs besoins, avec par exemple le
développement d'organes qui leur sont utiles ou au contraire la
disparition de ceux devenus inutiles. Ainsi, conformément
au principe de lutte pour l'existence, une variété animale ou
végétale qui développe et porte héréditairement un changement
morphologique survit et se développe par le nombre de sa
descendance. Au contraire, les variétés les plus faibles
disparaissent. Ainsi, la "compétition" se fait à l'intérieur d'une
espèce et non pas entre espèces. Cela explique, par
exemple, que les populations humaines du sud ont la peau brune. Non
pas parce que le bronzage se serait "fixé" au fil des générations mais
plutôt parce que la peau brune
est plus résistante aux attaques du soleil et que les populations à
la peau plus claire (qui au contraire se sont développées au nord car
mieux adaptées au manque de
soleil) ont vu leur descendance s'éteindre dans le sud.
Une partie intéressante du livre parle de l'altruisme humain
consistant à protéger dans nos sociétés les plus faibles et que l'on
pourrait considérer à contre-courant de la sélection
naturelle. D'après Darwin, la civilisation est une conséquence de
l'évolution de l'espèce humaine. Il n'y a donc pas rupture avec la
nature, les conduites d'entraide étant courantes chez de
nombreux animaux. Malgré ce que certains ont pu avancer, Darwin
n'était pas eugéniste, ni raciste ou sexiste. Notamment
anti-exclavagiste déclaré, la supériorité sociale souvent
constatée dans les sociétés humaines ne sont pour lui que le fruit
d'un milieu physique et d'une histoire.
Je pensais lire de nombreuses choses sur les débats entre le
théoricien et l'église. Apparemment, l'affrontement n'a pas vraiment eu
lieu en sa présence car Darwin n'aimait pas la
confrontation. Il préférait convaincre sur la distance en améliorant
sa théorie au fur et à mesure des critiques énoncées. Depuis cette
époque, l'église catholique a en partie adopté
les principes de Darwin afin de conserver une certaine crédibilité
vis à vis de la science, en favorisant l'interprétation de l'ancien
testament au sens figuré (mythe d'Adam et Eve) et
en précisant la séparation du corps, abandonné à l'évolution
biologique, et de l'âme, créée par Dieu.
Un Gallimard vraiment très intéressant. Souvent ardu, mais ce
sujet peu facile à appréhender souffrirait-il d'une vulgarisation
supplémentaire ?
Lu sur Wikipédia pour illustrer la sélection naturelle :
Deux brontosaures voient un tyrannosaure royal avancer dans leur
direction et se mettent à courir aussi vite qu'ils le peuvent. Puis l'un
des deux dit à l'autre :
« Pourquoi nous fatiguons-nous au juste ? Nous n'avons de toute
façon pas la moindre chance d'arriver à courir plus vite qu'un
tyrannosaure ! »
Et l'autre lui répond cyniquement :
« Je ne cherche pas à courir plus vite que le tyrannosaure. Je cherche juste à courir plus vite que toi ! »
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